Remarques et proposition sur l’économie culturelle

Je vais aller droit au but et faire mes propositions, juste en les justifiant rapido, point par point.

1/ Les lois du copyright sont détestables et anti-artistiques. Il faut donc les réformer en profondeur.

Dans la plupart des pays dotés d’une législation de type copyright / protection de la propriété intellectuelle et artistique, le droit d’auteur est protégé pendant 50 à 70 ans après la mort de l’auteur. Cette disposition doit être supprimée, et tant qu’elle ne le sera pas, c’est aux artistes de préparer leur testament et aux ayants-droits de refuser l’application de cette loi bourgeoise et idiote. La nouvelle loi est : à la mort de l’artiste, son oeuvre devient un bien public gratuit, point barre. Si ces œuvres sont exploitées commercialement – par exemple pour faire de belles éditions de romans, des coffrets DVD et je ne sais quoi d’autre, c’est d’accord, mais un pourcentage des droits revient symboliquement à l’artiste mort, qui les transfère automatiquement aux artistes vivants. Une partie des royalties des musiciens est donc reversée au monde de la musique, les royalties du cinéma sont réinvesties dans le cinéma, etc. Je pense qu’une grande majorité des artistes – pas les stars du capitalisme culturel bien sûr, je parle des artistes – sera d’accord avec moi. Je ferais remarquer que très souvent, les artistes sont en mauvais termes avec leur famille. C’est mon cas et c’était celui d’Arthur Rimbaud, de Jim Morrisson, d’Antonin Artaud, etc. Il est très choquant de voir que l’argent des rebelles de génie est capté après leur mort par les connards conformistes qu’ils avaient rejetés et qui les avaient rejetés !!! Dans les trois exemples que je viens de citer : 1/ Rimbaud haïssait sa mère et sa sœur a trahi son œuvre (elle voulait faire un chrétien du poète qui écrivait « merde à Dieu » !! la salope !!!). 2/ Morrison détestait son père surtout, et disait dans ses interviews que ses parents étaient morts, alors qu’ils étaient vivants. 3/ La famille d’Artaud n’a rien fait pour l’aider quand il a tourné dingue puis été interné de force dans des conditions atroces, comme tant d’autres malades. Cette même famille a ensuite, après sa mort, essayé d’empêcher la publication de certains de ses textes. D’autres familles d’artistes morts ont joué le même rôle de traîtres ou de censeurs. La famille des artistes, c’est leur art, leur public, les autres artistes.  Les familles ne doivent as toucher un seul centime sur le travail des artistes !!!

2/ L’idée d’un profit infini et illimité a fait long feu. Il faut redistribuer l’argent de l’art aux artistes

C’est agaçant de voir cet homme moderne soi-disant rationnel donner en permanence dans la mégalomanie la plus irrationnelle, se croire tout permis, confondre l’infini et le fini. Certains artistes célèbres peuvent accumuler les millions, comme s’ils les méritaient. Que les grandes œuvres valent cher, ça me va, mais il faut savoir respecter une limite. Au lieu de l’accaparement des richesses par quelques-uns – et même s’ils sont géniaux, ils ne valent quand même pas un million de fois plus qu’autrui, quelle idée horrible et anti-humaniste !! – je propose qu’on établisse pour chaque type d’œuvre un montant maximum, défini par la loi ou mieux encore, par les auteurs eux-mêmes. Quand le montant est dépassé, ce qui dépasse est redistribué par une institution indépendante et sert à soutenir telle discipline artistique : aider les jeunes artistes, faire de la pédagogie auprès des jeunes publics, financer des outils de création open source, etc. Prenez seulement quelques oeuvres-symboles : la discographie d’Elvis Presley, et la saga Le Parrain 1, 2 et 3. Ces deux séries d’œuvres ont carrément rapporté des milliards de dollars. A qui est allée cette montagne de pognon ? A des gens qui n’ont rien à voir ni avec la musique ni avec le cinéma. C’est allé aux auteurs mais aussi aux familles, aux cadres surpayés de l’industrie de la musique et du cinéma, à des blaireaux qui passent leur temps à transformer la beauté en fric. On doit arrêter cette connerie. Imaginez tout l’art qu’on peut faire rien qu’en réinvestissant les profits d’Elvis et du Parrain dans de la création nouvelle !! Elvis est mort, heureusement, et donc son œuvre tombera dans le domaine public – dans quelques décennies quand même, d’ici là la machine à fric continue de tourner alors que plus aucun travail créatif n’est fourni. Mais Coppola et DeNiro, entre autres, ne sont malheureusement pas encore morts, ce qui signifie que leurs droits, pour une saga dont le premier volet est sorti en 1972, il y a 41 ans, continueront de produire du fric au moins jusqu’à 2083, voire au 22è siècle si Coppola et DeNiro meurent dans 20 ans !!! Soit au moins 110 ans après leur création !!! Quelle absurdité abjecte et totalement anti-artistique. Les profits de ce genre, quand un film rapporte 100 ou 1000 fois son budget initial, il faut qu’une société responsable les écrête et les rende socialement profitable – car ce régime égoïste, individualiste, bourgeois de l’art contredit fondamentalement les valeurs de partage et d’ouverture qui fondent l’expression artistique. L’art est généreux par nature, s’il devient un fer de lance du capitalisme mégalomaniaque, c’est comme un ami mordu devenu vampire, c’est avec tristesse mais fermeté qu’on lui plantera un pieu dans le cœur ! Le Parrain I, a rapporté 156 millions de dollars depuis 1972. Le Parrain II, 193 millions de dollars depuis 1974. le Parrain III, 136 millions de dollars. En tout, ça fait 486 millions de dollars pour 3 films qui en ont coûté environ 20 millions. Ces enfoirés continuent de nous vendre au prix fort des œuvres qui ont déjà rapporté 50 fois leur budget : en 2013, le coffret 5 DVDs des trois films est vendu 30 à 40€. Un DVD coûte combien à produire, un euro ? La commercialisation coûte combien, un euro aussi ? Et ils nous vendent le truc avec une marge de 20 à 40 fois le coût de production ? Alors qu’en fait, si je télécharge le fichier électronique sur un serveur, le coût de ce téléchargement est proche de zéro ? On se fout de la gueule de qui, là ? Dans ces conditions, il est évident que ce que les chiens de garde du capitalisme légal appellent le « piratage », n’est rien d’autre que le juste refus par les consommateurs d’êtres soumis à un racket mafieux – c’est le cas de le dire, non ? 😉 En 2011, un article de Forbes nous apprend que Michael Jackson, même mort, a rapporté 170 millions de dollars à Sony/ATV. Un article de CBS news nous dit qu’Elvis Presley a gagné 55 millions de dollars en 2011, 35 ans après sa mort. D’après moi, un tel système doit être supprimé immédiatement. L’argent des auteurs morts ne doit pas revenir non plus à leurs éditeurs, mais versé à des caisses publiques chargées de financer la création artistique. Rien qu’en citant 3 artistes célèbres, je viens de dégager un revenu de plus d’un milliard de dollars à réinvestir dans les arts. En comparaison, sachez que le budget 2013 du Ministère de la Culture de la France, 5è économie mondiale, s’élève à 2,43 milliards d’euros. Cela fait précisément 37€ par habitant de la France (en comptant 65 millions de personnes). En comparaison, le budget de la Défense a 10-15 fois plus : 31,42 milliards d’euros… (les tueurs valent 10 fois plus cher que les artistes dans cette jolie société !!)

Les caisses publiques de redistribution des profits de l’art peuvent marcher comme suit :

– Déjà, on a besoin de définir qui est artiste et qui ne l’est pas. Ceux qui produisent des œuvres d’art – ça veut dire, l’artiste dit que c’est de l’art et le public trouve aussi en majorité (plus de 50%) que c’est de l’art, ils concluent donc un marché moral qui nous sert de critère – ceux-là sont des bénéficiaires potentiels des reversements.

– Ensuite on a besoin de définir les reversements. Les revenus sont reversés tout simplement au prorata de l’activité artistique constatable. Chaque année, il y a un total d’œuvres dans chaque discipline, et il y a un montant total des gains des artistes morts. On reverse les millions de Jackson, Presley, Lennon, et toute la clique, les millions des Picasso et Klein, les millions de Spielberg et de tous les autres Supermen d’Hollywood, aux praticiens vivants de l’art.

– Une partie des budgets – qui comme ont l’a vu seront plus gros que les budgets qu’un État comme la France accorde à sa culture, la salope !!! – sera reversé à des centres éducatifs gratuits – ben oui, on peut en faire des choses avec toute la vraie thune dégagée par l’art, si elle était pas captée par tous ces parasites que sont les familles et les marchands ! Ces centres éducatifs gratuits seront simplement des locaux maintenus (nettoyage, matos) et gérés par les artistes eux-mêmes, démocratiquement (démocratie directe, les adhérents prennent part aux choix s’ils veulent). Ils serviront de locaux pour la pratique, le stockage, la diffusion des œuvres.

Voilà, vous avez compris le message ? On peut virer miss Ministre et mettre une vraie révolution à la place. On s’intéressait aux revenus du valseur toujours décontracté du gland, le citoyen Depardieu ? Tiens, j’ai une idée à la Montebourg : et si on les nationalisait, « ses » revenus ? Ben oui, Depardieu « monument du cinéma français », gros Louvres rougeaud, est devenu une entreprise nationale (certes délocalisée en Russie pour raisons fiscales comme Google en Irlande), donc notre entreprise artistique qui refuse de jouer notre jeu, elle devient propriété du Foutu Peuple Français, Merde Le Revoilà !!!!

Je vais vraiment conclure sur un truc. Un témoignage perso encore, « mon cas »… Bon, à 17 ans, j’avais aucune pratique artistique derrière moi, aucune, et quasi aucun loisir culturel. Depuis, j’ai reçu des récompenses nationales liées à l’écriture – pas des millions, mais quelques milliers, une félicitations d’Etat (avec votre argent). Par ailleurs depuis 3 ans, j’ai commencé à composer de la musique et  je trouve ça bizarre – des gens aiment certains morceaux !!!  Je n’ai absolument aucune formation en musique non plus, et ça vient tard, j’avais 32 ans quand j’ai commencé, j’aurais pu commencer gamin mais l’opportunité ne s’en est jamais présentée malheureusement. Je suis très fortement tenté d’en conclure que si on donne des opportunités, on aura pas un génie par ci par là, on aura des millions de talents et de génies dans tous les arts. Combien de talents on laisse actuellement croupir dans des cités HLM comme celle d’où je viens ? Je préfère vivre avec des génies artistiques qu’avec des marchands ou des avocats, personnellement. Je préfèrerais vivre avec Elvis qu’avec son manager ou sa famille. On sait qu’il y a des problèmes à régler dans l’humanité actuelle, et il y a aussi la vie, qui passe, qui disparaît à jamais, et dont il faut profiter non ? Qui a mieux que les jouissances artistiques ? La bouffe, les boissons, le sport, d’accord, mais, ça élève vraiment ? Je sais pas, moi, les choses de l’esprit me fascinent depuis toujours, pas vous ? Avoir un peuple artiste, ce serait régler beaucoup de problèmes d’un coup. Or il faut voir que si des millions sont ainsi privatisés sur des individus, c’est tout simplement en raison du système d’extorsion qui consiste de la part des compagnies à continuer à nous forcer à payer un prix pour un produit dont TOUS les coûts de production ont déjà été légitimement payés depuis longtemps. Ce chantage, ce racket capitaliste honteux, retournons-le au profit d’un humanisme créatif et généreux.

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