New York – Manuel technique pour trois machines d’amour à mort

Présentation

Voici un texte de littérature pure qui pousse le vice et la perversion à leurs extrêmes. La famille littéraire de ce texte, ce sont les œuvres d’Isidore Ducasse, pseudo-Comte de Lautréamont, celles du Marquis de Sade, et dans une moindre mesure celles de Brett Easton Ellis ou d’Hubert Selby Jr.

Résolument géométrique en imitant la structure géographique « tirée au cordeau » des villes américaines, le roman se divise en 6 parties chacune faite de quatre pages qui se répondent et s’opposent deux à deux systématiquement : femme / circuit / femme / circuit.

Le scénario de base se déroule comme suit : New York, la star des villes, est supposée être bâtie sur un gigantesque circuit imprimé qui fait tourner toutes les machines dont l’Amérique pense avoir besoin. Seulement, un simple micro-incident purement électronique produit par le plus grand des hasards un bug qui génère ex nihilo sur les trois couches de ce circuit imprimé trois intelligences artificielles de type « serial-killer« . Le Circuit Blanc, le Circuit Vert, et le Circuit Noir, vont ainsi chacun exécuter un programme d’assassinat sadique de trois icônes de la vie new-yorkaise  et de la vie américaine.

Il y a là Helen Smith, héritière suicidaire et désoeuvrée d’un millionnaire qui souhaite sa mort. Errant dans ses appartements gigantesques au sommet d’une tour, elle va faire la connaissance du pseudo-merveilleux Circuit Blanc qui, déguisé en Chirurgien Charmant, est venu lui permettre d’exaucer son voeu le plus cher : crever. Il va lui implanter, à elle qui ne trouve pas le courage de passer à l’acte, une puce dans la nuque qui finira par donner à Helen devenue cyborg la force d’en finir volontairement. Une morte.

Sarah Cohen, programmeuse d’un jeu vidéo d’Heroic Fantasy et grande consommatrice de culture audiovisuelle, voit son programme commencer à buguer étrangement, puis rapidement se retourner contre elle. C’est le Circuit Vert qui est en train de prendre le contrôle de son ordinateur et, par là, de son monde. Il va l’utiliser et la reprogrammer comme personnage de fiction dans SON jeu à lui dont elle est à la fois l’héroïne, la joueuse et la victime. Las de s’amuser avec elle, il la supprimera finalement comme un vulgaire fichier électronique après s’être approprié tout son univers. Deux mortes.

Frida Bauer, la jeune et arrogante championne de tennis, se retrouve en finale de Flushing Meadows – en français les « Prairies rougissantes » – contre un adversaire qu’on a jamais vu jouer au tennis et qui n’est même pas une femme : le Circuit Noir. Le Circuit Noir est d’ordinaire chargé de gérer l’électricité et l’éclairage du Stade. D’abord totalement inapte à jouer au tennis, il apprend vite : patiemment, quoiqu’hyper-rapidement, il assimile les Règles internationales du tennis, puis commence à jouer en concentrant ses rayons de lumière devenue laser pour donner à la balle des effets inédits : le coup du « Super Mollasson », le « Bloc Noir », la « Tempête Photonique », qui valent bien tous les revers, lifts et coups droits humains. Menée au score 6-0, 5-0, 40-0, elle finira par prendre la balle de match en plein front. Trois mortes. Mission accomplie.

Style

Le style de New York est à s’arracher les cheveux en quatre. Le texte, hyper-littéraire mais largement composé d’emprunts loufoques à diverses littératures techniques « grises » – la culture grecque, le jargon informatique, la technique tennistique, entre autres – passe son temps à se foutre de la gueule du lecteur et des personnages. Phrases inutiles, adjectifs redondants, paragraphes creux, formulations pompeuses, énoncés emphatiques, effets à n’en plus finir, réécritures exterminatrices de textes de référence (les fables d’Esope relookées New Age, la psychanalyse utilisée comme arme de combat, règle du tennis devenue manuel de mise à mort…), c’est la littérature elle-même qui prend un sacré électrochoc à haut voltage en pleine voltige.

Idéologie

Ai-je besoin de le préciser ? New York est un livre radicalement anti-américain, un acte de terrorisme littéraire. La première version du texte écrite en 1998 se terminait d’ailleurs sur une hirondelle qui passait entre les tours du World Trade Center, comme un symbole avant le 11 Septembre. Critique de l’hédonisme, de l’inégalité, de la manière dont les possédants instrumentalisent la technique pour favoriser leurs intérêts, New York retourne l’arme contre l’agresseur et domine les dominant(e)s, ces stars, ces yuppies et ces jeunesses dorées que le monde croit bon de prendre en exemple alors qu’ils – et elles – répandent la mort autour d’eux. Retour à l’envoyeur !

2017

Y’a des trucs qu’on comprend bien plus tard. Je me demandais ce que venait foutre toute cette misogynie dans mon monde, pourquoi j’avais fait ça ? Tuer ces 3 femmes en tant qu’icônes du suicide, de la perversion et de l’agression – parce qu’au fond c’était de cela qu’il s’agissait malgré mes mises en scène fantasmatiques de l’époque de la première conception du texte (1998, à 21 ans, environ 5 à 10 ans après les faits), qui visaient à travestir la réalité, à en parler sans en parler (vu que vous n’écoutez rien, bande de chacals). Ben comme d’habitude : la source du problème c’est ma mère. Kikoo maman, fallait pas taper d’abord, j’ai mal réagi tu vois, et j’ai vraiment failli te tuer pour de vrai. La littérature nous a sauvés tous les deux, et ça, c’est grâce au fait que je te voyais tout le temps lire des romans quand t’étais pas bourrée : tu m’as montré qu’on pouvait s’échapper par le crâne, et ça m’a évité d’avoir à te le défoncer.

Chapitres

Prologue

Fabuleuse Helen Smith, 1
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 1
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 1

Fabuleuse Helen Smith, 2
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 2
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 2

Fabuleuse Helen Smith, 3
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 3
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 3

Fabuleuse Helen Smith, 4
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 4
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 4

Fabuleuse Helen Smith, 5
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 5
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 5

Fabuleuse Helen Smith, 6
Sarah Cohen, icône du jeu vidéo, 6
Frida Bauer, B comme Bauer, V comme…, 6

 

New-York

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