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Texte de commande pour la revue Europe : étude du roman Mobile de Michel Butor.

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Je ne me rappelle plus quand j’ai découvert Mobile. J’ai beau pianoter tant que je peux sur mon portable, il n’y a personne pour me répondre. Ce devait être début 1997 et j’habitais, dans une grande ville, une rue jouxtant la gare. Je me souviens qu’à l’époque j’écoutais  énormément Philip Glass, pas tout de Glass mais précisément Music In Similar Motions et Music In Contrary Motions.

Si c’est bien 1997 près de la gare de Nancy, alors je sais que deux ans plus tôt avait sonné l’heure pour moi d’arriver trop tard en littérature : à la question de Kant, Que faire ?, j’avais répondu à l’appel par l’affirmative d’une vaste question, une fois où je devais être là : de la prose poétique. Je lis aujourd’hui dans Répertoire II cette phrase des paragraphes d’ouverture :

«Ailleurs, on emploie souvent le même mot pour désigner poète et romancier, mais en France la tradition scolaire, raide à l’extrême, divise la littérature en un certain nombre de «genres», bien séparés, le roman et la poésie constituant ce qu’il y a de plus opposé à l’intérieur de ce domaine.»1

Mobile est un essai de voyage.

 

*

 

En hall de gare, le peuple concerné déballe son attirail hors de ses valises et usine en autant de temps qu’il faut pour le faire un véhicule qui doit le conduire en voyage. Une façade corinthienne, un sphinx, trois planches de verre coupées ensemble avec une chaînage de tenons et mortaises dessinent les contours orthogonaux d’un habitacle avec des hublots, des rames et un moteur : c’est prêt, en voiture, le bathyscaphe est servi : le peuple industriel ouvre la portière, monte dans l’histoire en marche et prend la place dont il a besoin. Calés au creux du siège, les hôtesses sont sympas et extérieures à tout, on ne peut pas bien étendre les jambes mais ça va, pour passer le temps on a le droit de lire un film.

Le film qui passe c’est Mobile, un road-movie à la bande-texte blanche-noire défilant sur pellicule made in Pergame, volumineuse une fois dépliée sur elle-même, et qui dé-montre par

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une série de thèses concernant la fabrication accelérée d’une histoire par le Faber américain. Surface de projection quadrangulaire sur laquelle l’Amérique se donne à lire comme texte, Mobile compose double-page après double-page, passage après passage, une image pixellisée qui représente trait pour trait le visage à quatre côtés d’une tête de lecteur.

 

Tracer le plan

 

C’est l’histoire d’un voyage qui locomotionne un auteur français à travers les Etats-Unis d’Amérique. Le coup classique2 :

«Je savais que j’aurais à parler des Etats-Unis au retour, et ce genre littéraire: mon voyage aux Etats-Unis ou mon retour des Etats-Unis est un des plus encombrés de la littérature européenne depuis la fin de la guerre. (…) La plupart de ces livres sont naturellement très mauvais, même ceux qui sont signés d’auteurs assez intéressants.»3

Mais que va-t-il y chercher ? Que va-t-il y trouver ? Une des plus grandes superficies étatiques du monde, un des deux Supercombattants de la Guerre Froide, le modèle socio-économique des Trente Glorieuses européennes… Comment va-t-il s’y retrouver ?

Histoire de se repérer, il convient d’abord de mettre à plat sur une surface un plan de ce morceau de globe. Ce plan – qui fut d’attaque et d’invasion du continent indien conçu comme une terre vierge à prendre sans rien laisser – déploie en long en large et en travers, à partir de la côte Est et jusqu’au «Pacifique», un peuple de géomètres euclidiens qui réalise au fil d’une longue (en étendue) mais courte (en durée) expansion ce qu’Hippodamos de Milet n’aurait jamais pu faire faute de moyens : agrandir le plan urbain en damier à l’échelle d’un continent entier.

«L’angle droit est lié à la puissance, à l’impérial. Elle est liée à cette réduplication, cette récurrence si caractéristique du langage des Etats-Unis. Toute habitation, tout individu peut être déplacé selon certains axes.» 4

En effet, mis à part les 13 colonies qui relèvent de la civilisation-mère européenne, on note – d’un trait et dans les règles de l’art – que chacun des 50 Etats continentaux possède au moins une frontière rectiligne ; les pauvres Etats de l’Est non-colonial, l’Ohio par exemple, n’en possèdent d’ailleurs qu’une, et le Mississippi, ses affluents, et les Grands Lacs font le reste ; mais plus on triche cartes sur table vers l’Ouest, plus le modèle orthogonal américain s’achève en Etats-quadrilatères aux frontières tracées au cordeau, balayant toutes traces de vies territoriales préexistantes, animales, hispaniques, françaises et indiennes, cadrant de face des entités géométriques WASP, administrativo-volontaristes brutalement imposées comme grille de lecture au terrain qui n’en demandait sans doute pas tant : le Wyoming et le Colorado rentrent superbement dans le cadran.  

 

*

 

Un téléphone sonné s’engage à bride abattue le long de la voûte plane d’un tunnel. Au deuxième clash il sera exactement / top / top / top / top / indexé sur chaque cran du bon radiateur qui chauffe trop. On peut fixer le rendez-vous, s’y rendre, en sortir, une heure plus tard à une distance variable d’est en ouest à la vitesse de la lumière, en tel point d’Europe qui est trente, quarante autres points en Amérique. Une fois dépliée toute la carte du survol en effet, un zoom panoramique puissant s’aperçoit qu’on a encore perdu trois heures à tourner en rond dans un espace orthonormé qui s’étend à l’infini en laissant ses coordonnées pour qu’on le rappelle par son nom.

 

Lire la carte

 

Soient les villes. Au contraire des villes européennes, croissant par la force des choses dans un désordre accumulatif concentrique à partir des centres de pouvoir religieux ou politique, la ville américaine standard est tracée sur le papier comme une sorte de tableau modulaire reproductible à l’infini, – villes-quadrillages, portrait d’un monde carré à la morale qui file droit :

«Un des points qui m’ont le plus frappé lors de ce premier séjour aux Etats-Unis, a été le phénomène de réduplication, de réitération. (…) J’ai essayé de faire une maquette de l’espace américain en partant de la récurrence de certains noms.» 5

Noms qu’en effet le texte de Mobile, tout comme la carte qu’il reproduit, porte, reporte et rapporte, du monde entier à la vaste page blanche.

Résultat de l’opération : on compte aux Etats-Unis une prolifération de Florence, de Paris, de Berlin, de York, d’Amsterdam, de Montpellier, d’Orléans, qui font qu’on peut partir d’un Manchester dans l’Iowah et arriver après un petit transfert dans un autre Manchester, même ville, autre Etat. D’ailleurs, c’est tout l’Ancien Monde qui répond à l’appel du Nouveau : New Jersey, New Hampshire, New Mexico, New Brunswick, New France, New England, New York, New Amsterdam, New Orléans, New Holland, New Sweden… 6

Une reproduction rationnelle des anciennes géographies en une nouvelle géométrie, voilà ce que Mobile donne à lire à livre ouvert sur la carte des Etats-Unis.

 

*

 

J’avais écrit, je ne me rappelle plus quand («allez, décroche!!»), un texte intitulé Histoire d’Ariane. Il parlait de coudre et cherchait le fil: patchwork de pastiches génériques disjoints, il aboutait une étudiante qui mélange tout dans son exposé de mémoire sur Bergson, un inventaire de possessions matérielles babyloniennes, un fragment de lettre de rupture amoureuse, une pseudo-analyse cabbalistique de la racine SKL – squelette.

Je lisais beaucoup alors. Mobile ne fut ni le départ ni l’arrivée d’une recherche des fils sous la figure, d’une recherche de la trame et du canevas ; Mobile fut un voyage quelque part sur la route.

 

Convergences et fusions

 

La recherche sonne quelque peu occupée alors, comme un entrefilet, rappeler ceci : l’Internet, dérive son premier langage HTML du code-machine de mise en page des journaux. La presse extrapole sa mise en page du codex imprimé. Au départ de la télévision, cette radio qui nous parle dans les yeux, on remonte vers la radio, ce journal qui nous écrit de vive voix, et de là : revoici le livre.

A Cleveland, les Polonais qui lisent le «Wiadomosci Godzienne».

A Cincinnati, les Allemands qui lisent la «Freie Presse».

De passage dans la jungle des villes le véhicule express photocopie les documents notables. Dans le langage technique des publications périodiques, le plan d’ensemble qui structure le parcours de lecture des titres, des chapô, des articles, des publicités, des annonces, s’appelle un chemin de fer. La juxtaposition de ses wagons suit le rail pour lire une liste de listes qui se répète, change de voix et bifurque.

A Dayton, les Hongrois qui lisent le «Magyar Hirado».

A Cleveland, les Lituaniens qui lisent le «Dirva».7

La grande nouvelle de 1962, reprise et répétée dans tellement de journaux du soir, du matin, de la semaine, du mois et du trimestre, fut que les lecteurs ne savaient pas lire ; vous pouvez vérifier dans tous les prestigieux torchons de l’époque, on ne peut que dire le contraire de ce qui n’a pas été lu sous la plume de canard des analphabètes les plus notoires.

Ils auraient peut-être voulu un bon vieux roman ?

Ils auraient peut-être voulu un bon vieux poème ?

Ils auraient peut-être voulu un bon vieil essai ?

Ils auraient peut-être voulu un bon vieux texte bien littéraire ?

Ils firent une drôle de tête au livre qui les avait lus. Ils ont eu une fusion technique de tout ce qu’ils connaissaient, langage des marges et des légendes en corps romains, en italiques et en capitales, et ça leur a semblé tellement étrange qu’ils ont… passé leur chemin.

«Si je peux écrire certaines choses, c’est parce que j’ai des machines. Mon texte, hélas à bien des égards, je ne le communique pas directement à ses lecteurs. J’ai besoin d’une machinerie lourde et contraignante dans les rouages desquels il faut se faufiler, une machinerie formée d’éditeurs, d’imprimeurs, de diffuseurs, de libraires, de critiques, etc. Des gens qui s’occupent tous de livres mais qui n’en aiment que certains, la plupart du temps ceux qui ne les dérangent pas trop.» 8

Et c’était fait des catalogues, des pancartes, des prospectus, des manuels d’histoire, de toute la culture de série qu’ils lisaient tous les jours en défilant devant leurs surfaces rapides.

 

*

 

Aérodynamique, lancé à pleine vitesse, le coup du téléphone d’exploration déboule hors du tunnel avec un boum supersonique ; il survole maintenant à 30 mètres sous l’eau la surface de la mer, convexe et scintillante. Un délicieux coulis bleu générant tout autour une pression abusive coulisse le véhicule à prendre de la vitesse ; tchou… tchou… tchou… tchou… tchou… qui se rapprochent non ? Tandis que prennent leur envol des nuées de petits butors à travers les pages du manuel d’ornithologie qu’est aussi Mobile, notre véhicule descend dans l’estomac du géant à une hauteur de 30 kilomètres de longitude d’où il observe que quand la face montrée de la terre regarde le sage, l’idiot ferme les yeux et continue de feuilleter son catalogue à la recherche de toujours le même doigt qui montre ce qui est dit.  

 

*

 

Coups de fil dans ma mémoire. Sans doute que ma pratique de la juxtaposition ne vient ni de Mobile, ni d’autres textes aussi fondés sur le montage, mais de mes expériences de lecture, tout simplement. Avant d’écrire par fragments, j’ai lu par fragments, en même temps jusqu’à douze livres : trente pages de roman par-ci, dix pages de dictionnaire par-là, et un journal intime pour la pause, avant le pavé de philo.

Je retombe sur un texte de 1996, atroce, mais composé en ruban de fragments centrés où les séries italiques alternent avec les séries romaines. De temps en temps, le dispositif change : texte en deux colonnes, celle de gauche plus elliptique et constituant comme le commentaire en marge de la seconde.

Un texte de 1997, Projet, postérieur (ou bien?) à la lecture de Mobile, alterne fragments de journaux de bord d’une équipe de terroristes internationaux (qui voyagent beaucoup), passages romancés, indicatifs en majuscules, éléments textuels échappant à toute catégorisation, fragments de dialogues, dans un dispositif éclaté censé restituer le projet d’annihilation de l’univers humain, qui le sous-tend.

Un texte de 1998, Herzensfülle, utilise l’alphabet comme canevas : à la lettre A, on découvre 4 textes : une description d’hôtel ; un lexique allemand-français ; un manuel militaire ; un lexique de philosophie. De A, à Z. En fait, ce sont deux personnages (une traductrice et un philosophe) qui mènent dans divers hôtels une guerre amoureuse.

De nombreuses pages de Mobile jouent sur le tiers texte qui s’ouvre au rapprochement de deux textes, sur le texte quatrième au rapprochement de trois.

 

Suivre les chaînes de montage (Retour aux sources)

 

Il y a des gens qui partent mais parfois ce sont des choses qui arrivent. Jean Piaget et Bärbel Inhelder ont montré dans leurs La représentation de … chez l’enfant, que les notions qui nous paraissent les plus simples une fois adultes, volume, vitesse, poids, surface, doivent être construites. Avec ces notions et des corps au travail, les humains assemblent des matériaux qui construisent des objets qui ressemblent à leurs concepteurs. Les propriétés architecturales des objets d’une civilisation donnée, doivent donc refléter profondément son vécu mental, pour constituer une manière de portrait en creux.

«Le supermarché était alors caractéristique de la réalité américaine. Il est l’expression d’une société industrialisée dans laquelle les objets sont reproduits à un très grand nombre d’exemplaires considérés comme interchangeables.» 9

Décrit par ses objets de consommation de masse, le personnage principal de Mobile s’avère lui-même une sorte de self-made man à la chaîne, de sujet-artefact fabriqué par le monde qu’il a fabriqué. Sujet d’objets que dès lors, l’écrivain-oiseau peut inventorier en tant que marques de l’âme collective déposées dans la civilisation matérielle : diffusions manufacturées dans toutes les directions de l’Ouest, dans tous les sens de l’histoire, de toutes les couleurs de la gamme saisonnière, de toutes les formes industrielles et motorisées, dans toutes les langues de presse ethnique…

CONCORD, temps oriental, où vous pourrez demander, dans le restaurant Howard Johnson, s’ils ont de la glace à l’abricot.10

Mais l’élément le plus révélateur de la nature humaine industrielle du Faber, ce sont les textes, les sources. Sélection optimisée du matériau, répartition rationnelle des tâches, combinatoire en série après fragmentation à la chaîne, on retrouve dans Mobile un équivalent littéraire de toutes les procédures industrielles développées dans les grandes largeurs par la civilisation américaine. Mobile en effet, n’est pas un livre «écrit» au sens où l’est une oeuvre littéraire habituelle, tributaire d’une inspiration, d’un style langagier personnel etc. : c’est un gigantesque copier-coller documentaire.

Le temps d’une dernière halte, les hôtesses descendent, remontent leurs manches, et chargent le ballon d’une cargaison de produits et de messages format plume. C’est de l’aiglon sous forme d’oie, cela va sans dire. On en profite pour embarquer les deux-tiers d’un copiste pour faire de la place au regard à travers les hublots et ça repart, ça roule.

A coups de cellules carrées, le Faber américain a constitué une carte du monde orthonormale et en a fait son territoire ; il en a nommé les centres grâce à un report systématique qui démultiplie les lieux ; grâce à la technologie des chaînes de montage et des combinaisons de transports il y a distribué ses objets manufacturés – de transport, de communication, de consommation.

Parfaitement mimétique, Mobile, boîte noire volante et tête de lecteur passée le long du visible et du lisible, modélise un canevas standard du territoire américain qui forme le plan du livre, en reporte les noms selon une logique topographique dynamique, et y redistribue la documentation collectée lors du voyage. Citons entre autres sources les histoires de vie d’indiens Winnebago, Creeks, Navajos et beaucoup d’autres, l’Autobiographie d’une idée, de Louis Sullivan, des coupures de presse sur l’Exposition universelle de Chicago en 1893, des extraits  du traité de William Penn, fondateur de la Pennsylvanie, avec les Indiens Delaware en 1682, des extraits du procès de Susanna Martin, la sorcière, tenu à Salem en 1692, un prospectus publicitaire pour un parc d’attraction historique nommé Freedomland, des extraits de L’Evangile de la Richesse du président «philanthrope américain» Andrew Carnegie, des citations de Franklin et de Jefferson, des extraits du catalogue d’articles manufacturés par correspondance Sears and Roebuck, etc., etc., etc., – qui révèlent en profondeur comment l’Américain en est arrivé là.

En choisissant de n’écrire que par les sources par le montage, Butor retrouve peut-être un peu du plus grand  romancier américain d’avant DeLillo : le Dos Passos de Manhattan Transfer ou de la trilogie U.S.A., toute bruissante des vivantes voix intérieures des américains, du «speech of the people». A la différence que dans Mobile, s’entend d’autant plus une grande voix qu’elle jaillit non pas d’une poignée de sujets particuliers restitués par une esthétique encore trop romanesque pour être honnête, mais d’une subjectivité reconstruite en tant que texte à l’échelle d’une civilisation entière – et c’est le moment de rentrer en bateau pour consigner tout cela.

 

Mobile me rappelle un peu plus tard et le bathyscaphe sans pilote décroche le train d’atterrissage : Allô, bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Mobile, il n’y a plus personne pour le moment mais vous pouvez laisser un message.

 

Alors j’entreprends de lui lire à haute voix

 

nuit noire à

CORDOUE, ALABAMA, le profond Sud,

 

et la lecture ferro-aviaire 11, altisphérique et locomobile durera pendant tout le reste du voyage.

 

Ludovic Bablon

 

Notes

  1. Michel Butor, Répertoire II, Les éditions de Minuit, 1964, p. 7.
  2. Voir par exemple le livre de Crystel Pinçonnat, New York, mythe littéraire français, qui recense un grand nombre de romans français relevant du récit de voyage, du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, Niourk de Stefan Wul, New York de Paul Morand…
  3. Michel Butor, Improvisations sur Michel Butor, La Différence, 1993, pp. 133.
  4. Idem, pp. 144-145.
  5. Idem, p. 135.
  6. Cf la «mise en regard» de la page 159 de Michel Butor, Mobile, Gallimard, 1962, rééd. coll L’Imaginaire.
  7. Idem, pp. 337 et 339.
  8. Improvisations, op. cit., p. 129.
  9. Idem, p. 146.
  10. Mobile, op. cit., p. 26.
  11. Le fils de cheminot Butor glose ainsi les structures narratives de La Modification: «Cette liaison entre le temps et l’espace permet beaucoup de souplesse, mais pour faciliter la circulation du lecteur à l’intérieur de ce réseau, j’ai ajouté à cette signalisation fondamentale de ce qu’on pourrait appeler la conception ferroviaire de la réalité, une signalisation en quelque sorte mimétique à l’intérieur même du texte.» Il précise ensuite : « Comme le passage d’une région [narrative] à une autre est toujours marqué par un petit texte de transition, cela donne en réalité pour le [second] chapitre : A-t-B-t-C-t-B-t-A » Improvisations, op. cit., pp. 111-113.

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