Horreurs

Je serai jugé, et la plupart du temps on pensera du mal de mes positions politiques, existentielles et morales. On m’accusera d’être obsédé par des crimes imaginaires, ou de reproduire par mes verves et mes radicalismes la violence que je dénonce. On fera mon procès personnel, on m’enverra des insultes, du mépris, on me confrontera à mes propres erreurs ou à mes vices. Ce n’est pas agréable mais j’en suis conscient et je dois faire avec.

Je veux répondre d’avance à l’accusation d’en faire trop à « dénoncer des crimes imaginaires ». Et je veux aussi répondre d’avance à l’accusation très probable de narcissisme pour toutes les fois où dans divers articles j’ai évoqué mon expérience personnelle, préférant parler pour moi et laissant à autrui la liberté et la responsabilité de gérer leurs traumas à leur convenance.

Je vais donc, dans cet article, prendre le parti inverse de ce que je viens de dire avec un sens inégalable de l’auto-contradiction dialectique, et faire la liste pas vraiment succincte de tous les faits graves dont j’ai été le témoin auditif en entendant, si je puis dire ainsi, les « dépositions des victimes ». J’en exclus tous les faits personnels et familiaux de mon expérience et je me limite volontairement à évoquer, sans citer aucun nom ni donner aucun élément identifiant, les crimes, les violences, les horreurs, qu’ont subi ou dont se sont rendues coupables de nombreuses personnes que j’ai rencontrées dans ma vie ; je fais aussi quelques commentaires personnels à leur sujet.

Vous allez le voir, cette liste est longue et soulève le cœur, donne la nausée. Je donne cette liste précisément pour qu’on puisse comprendre à quel point je suis révolté. Cette liste, après avoir croisé les mêmes personnes beaucoup d’autres que moi n’auraient pas pu l’établir. Pourquoi ? Parce que eux, elles, n’auraient pas prêté attention, pas écouté. Lourdement victime, j’ai cette faculté à déceler immédiatement les souffrances chez autrui. Si je rencontre une femme qui a été violée dans sa jeunesse, il est fort probable que j’en aie la vague intuition dans les premières heures de la rencontre.

J’espère en évoquant ces faits, faire en sorte qu’on ouvre les yeux sur l’ampleur des problèmes et la nécessité de ne pas passer son temps à faire comme si de rien n’était. Nous tombons tous sous le coup du délit légal mais surtout moral de non-assistance à personne en danger.

Voici cette liste, dans un désordre relatif :

  1. M, violée par son père à 4 ans, re-violée à 8 ans et ensuite. Sa mère folle. Adoptée par une psychanalyste qui était la maîtresse de son père quand celui-ci violait la petite fille.
  2. K, battue par son père, mais encore beaucoup moins que sa petite soeur qui prend plus de coups parce qu’elle est « moins jolie ». Adolescente, son père la « balance d’un escalier », elle feint d’avoir la jambe brisée pour le couper dans son élan. Un jour ce père cinglé menace de tuer toute la famille avec un fusil parce que la mère veut se barrer, c’est K qui a la présence d’esprit de lui mentir en prétendant qu’elle a appelé la police. La mère courageuse mais terriblement sous pression hésite longtemps avant de finalement partir. Elle fait des tentatives de suicide, une autre façons de s’en aller… Le grand-père de K était juif, sa première femme et leurs deux enfants sont morts à Auschwitz. Sa deuxième femme survit aux camps mais ne peut plus avoir d’enfants. Hé, K, si tu me lis, j’ai toujours la petite croix juive que tu m’as offert, elle est dans ma boite à souvenirs… je la recroise périodiquement, pas loin du petit poulpe en plastique que m’avait offert mon collègue Philippe Rahmy (lui-même un bien rusé invertébré! 😉 (lecteur si tu piges pas cette vanne c’est normal, private joke publiée…)), cadeau d’une valeur commerciale nulle et d’une valeur symbolique immense et qui m’avait beaucoup touché… de ses multiples tentacules !
  3. J, yougoslave, vendue à 13 ans par ses parents à des criminels proxénètes qui l’exploitent pendant des années en Espagne en tant que prostituée. Adulte, elle a fini par réussir à s’enfuir et… essayer de retrouver une vie normale, ce qui semble très difficile étant donnée la gravité des faits. Je l’ai rencontrée dans mon workshop d’art narratif à Berlin, elle voulait raconter son histoire, je l’y ai encouragée, on était censé travailler ensemble mais ça ne s’est pas fait.
  4. O, ami d’enfance, violemment et systématiquement battu par son père s’il refusait d’aller travailler à l’usine pendant la moitié de son temps libre. (Il a en partie inspiré le personnage de Paul Appelbaum dans CRASH, ainsi que d’autres personnes de cette liste trop longue). Adulte, il a totalement coupé les ponts avec eux. Cela fait maintenant 20 ans qu’ils ne savent pas où il vit. Moi je le sais, il est dans la ville d’à-côté… occupé à vendre de l’ADSL. N’ayez crainte, je ne grille personne, ces cons n’ont évidemment pas l’internet et… ils ne savent pas lire !!! (Dans le village en question, le nœud internet le plus proche est à 4 kilomètres. Propriétaire: Orange : le consommateur n’a aucun choix, c’est Orange où rien, où est le respect du principe de libre-concurrence et du droit du consommateur à choisir ? Rien à foutre. « Fracture numérique » des trois tibias sur lesquels claudique la République – la situation décrite ne date pas du 12è siècle avant Jean-Claude Christ mais bien du printemps 2012 !! on sent que Chirac est passé par là y’a 10 ans, oui, oui… (Super Menteur avait promis de réduire cette « fracture numérique »…)
  5. Y, ami d’adolescence, battu par son père dans son enfance comme à peu près tous les gamins du village. Adulte, il a un grave accident de voiture dont il n’était pas responsable : deux personnes âgées perdent le contrôle de leur véhicule et le percutent de plein fouet sur la route nationale en pleine ligne droite. Le moteur lui rentre dans le foie, la carrosserie broie ses jambes. Les deux vieux meurent sur le coup, Y survit, tombe dans le coma une semaine, subit 14 opérations du pied en un an. Dégoûté, ce jeune homme d’habitude moralement très fort et qui faisait l’admiration de tous pour ses hardiesses et ses libertés et son humour, sombre dans la dépression et la soigne à l’héroïne. Au bord de l’overdose, il réussit finalement à repartir et devient routier… comme son père. Il traite trop durement ses enfants, je l’ai observé moi-même : il les traite aussi mal qu’il a été traité. J’ai toujours énormément d’affection envers lui, qui n’est pas un intellectuel mais qui est une intelligence naturelle. Je l’engueule par contre sur la manière dont il traite son fils et sa fille. Il essaye d’en faire des « durs ». Il a profondément tort là-dessus, à mon avis.
  6. S, ami d’adolescence, roule trop vite dans un village et tue sur le coup une petite fille qui traversait. Condamné à un an de prison ferme. Aux dernières nouvelles il était banquier.
  7. Arnaud Pelletier, ami de lycée et collègue écrivain, passe la moitié de sa vie adulte à l’asile psychiatrique, interné de force par ses parents. Il est mort à 28 ans asphyxié dans son vomis après avoir mélangé anti-dépresseurs, alcool et cannabis, un mélange connu pour être potentiellement mortel. Je peux donner son nom car 1/ il est mort, 2/ je considère que les gens de l’HP de Chaumont, Haute-Marne, sont en partie responsables de sa tragédie. Ce mec avait tout pour lui, beauté physique, grande intelligence, culture, talent pour l’écriture et la musique. Voilà comment il a vécu, voilà comment il est mort. J’en ai la nausée moi aussi.
  8. J, amie d’adolescence, à la puberté elle apprend que son père n’est pas son père et que tout le monde autour d’elle le savait et lui cachait la vérité. Elle apprend aussi que son vrai père est cette homme dont elle croyait qu’il était un ami de la famille. Ecoeurée, elle vire à l’alcoolisme et à la petite délinquance, et le paye cher : elle développe une maladie du pancréas, qui déverse dans son abdomen des sucs digestifs corrosifs, – elle risque d’en mourir.
  9. S, rencontrée à Berlin: à 30 ans, alors qu’on fait connaissance, elle vient me trouver en larmes un beau jour. Elle vient d’apprendre que son père n’est pas son père et que ça fait donc 30 ans qu’on lui ment. Femme très solide, artiste entreprenante, elle tient bon et ne s’effondre pas.
  10. Ma voisine de pallier dans le HLM quand j’étais gamin. De chez nous, on l’entendait traiter ses propres enfants de « fils de pute ». Elle était maquée avec un certain Lionel, une sorte de gitan musclé et barbare qui passait moitié de sa vie en prison. Quand il rentrait, on l’entendait un coup lui mettre une volée, un coup la baiser comme un porc. Une fois, alors qu’ils s’étaient violemment disputés et qu’elle lui avait fermé la porte à clé, il a escaladé la gouttière jusqu’au troisième étage du HLM, je l’observais par ma fenêtre juste à côté. Elle a appelé la police, qui est venue. Je me rappelle encore la manière gentille dont les flics disaient « Allez Lionel, ça va, calme-toi. » Ils n’ont strictement rien fait d’autre cette fois-là. Cela s’appelle non-assistance à personne en danger de la part de plusieurs personnes dépositaires de l’autorité publique : ce cinglé traumatisait une femme vulnérable et trois enfants, et les flics n’en avaient apparemment rien à foutre. Bien joué les mecs, une fois de plus, vous êtes les rois de l’incompétence, toujours payés à nous faire chier, jamais à nous aider.
  11. J, son père meurt quand il a 7 ans, sa famille lui cache la vérité, ce n’est qu’adulte qu’il la découvre par des voies détournées : son père n’est ni mort d’un cancer ni « tombé dans la douche » comme on le lui a raconté, il s’est suicidé d’une balle de fusil dans la bouche parce qu’il était en phase terminale de SIDA, 10 ans après avoir pris et arrêté de prendre de l’héroïne. Le frère de ce père est lui aussi atteint du SIDA et préfère faire croire au reste de sa famille qu’il soigne un cancer. J prépare un film sur le sujet, dont j’ai été l’assistant « script-doctor ». Je lui souhaite énormément de succès quand il aura fini !!
  12. O, son père biologique tourne schizophrène et sa mère le quitte. Cette mère se remet avec un homme qui la frappe et frappe ses filles, surtout O. – par exemple, il la traîne par les cheveux jusqu’à la salle de bains et lui assène une douche froide. A 13 ans un type de 23 ans avec qui elle « sort » la force à pratiquer une fellation. Sa mère quitte le barbare et se remet avec un autre homme, un type bien… qui meurt peu après d’un cancer. Pas de bol.
  13. F, philosophe, battu violemment par son père il a ensuite juré de le tuer. Il ne l’a pas fait, heureusement.
  14. C, elle est attaquée un soir à Marseille par un inconnu, qui la menace avec un couteau, la séquestre deux jours durant chez elle et la viole à plusieurs reprises. Elle en est restée profondément meurtrie. Courage, C.
  15. Y, artiste génial et toxicomane auto-destructeur. Enfant, il est battu par ses deux parents. Adolescent, il devient le souffre-douleur d’une bande de jeunes voyous qui, à 10 contre 1, le tabassent à plusieurs occasions et, une fois, le laissent pour mort. Drogué, il tourne à tout, en reproduisant la violence subie sur lui-même, car l’agression rend souvent masochiste : il prend de l’héroïne, du subutex, de la cocaïne, du cannabis, du speed, de la MDMA, des acides, de l’alcool, et du tabac. Je l’ai perdu de vue. J’ai essayé de l’aider. J’ai constaté, en le rencontrant par hasard lors d’une soirée à l’Embobineuse à Marseille, que mes amis de l’époque, des confrères écrivains (un dont j’adore l’œuvre et un autre dont je n’adore pas l’œuvre et qui était un ami avec qui je me suis brouillé – je trouvais les deux tristement incapables d’écouter les souffrances dont je leur faisais part et ça m’a conduit à m’éloigner d’eux, et au contraire à me rapprocher de Y), ne lui prêtaient aucune attention et le considéraient avec distance, cela m’a fait l’aimer lui et les haïr eux. J’ai essayé de l’aider à parler de son passé et à calmer ses consommations, mais il aurait besoin d’un traitement psychologique sur plusieurs années. Je ne serais pas surpris qu’il soit aujourd’hui mort des excès qu’il s’inflige. Je ne l’ai pas vu depuis 2008.
  16. L, adolescent blanc et plutôt maigrichon à Paris, il se fait attaquer, tabasser et dépouiller de ses vêtements par de jeunes voyous en général non-blancs à plusieurs reprises. La criminalité des enfants d’immigrés est-elle-même une chose révoltante puisque eux sont victimes du racisme français blanc. Si chacun dépouille son prochain, on ne s’en sortira pas.
  17. C, d’une bonne famille, mais révolté pour des raisons que j’ignore (sans doute un mensonge familial ?), tombe dans l’héroïne plusieurs années et en garde une hépatite C. Il va plutôt bien 25 ans plus tard même s’il est devenu alcoolique, escroc et placé quelques mois sous bracelet électronique pour conduite en état d’ivresse à Marseille.
  18. A, amie avec qui j’ai conversé, pense d’abord qu’elle n’a rien vécu de sale – je lui racontais mon histoire et la questionnais sur la sienne. Réflexion faite, quelques mois plus tard, elle fait une liste de traumas vécus et en trouve… 13. Elle ne m’a pas confié leur nature, mais « ça promet ». Plusieurs années plus tard alors que je suis parti à Berlin, en 2012 je repasse par Marseille animer un workshop d’art narratif. Dans ma com’ provoc’, je dis que l’art narratif sert entre autres à dénoncer les viols. Je poste un lien sur le profil Facebook de cette amie. Elle l’efface presque aussitôt et m’explique légitimement: « c’est pas le bon moment… ma meilleure amie vient de se faire violer ce week-end dans la rue… »
  19. Toujours à Marseille, en 2007, je suis un soir dans un bar (avec deux personnes de cette liste) et je vois une fille blonde magnifique, vraiment super mignonne. Je suis célibataire à ce moment-là donc bon, je m’approche en vue de faire connaissance car de loin, j’ai pu capter son regard, elle me regarde aussi et me sourit, ça commence plutôt bien. On commence à causer, je la trouve bizarre : certes, je me sens attiré par elle, et certes elle peut sentir que je regarde son très beau visage, mais ça ne justifie pas qu’elle mette son corps à 30 centimètres du mien alors qu’on parle depuis seulement 2 minutes, je suis attiré mais là ça me gêne, je me dis que c’est presque du « viol de mec » là… et bon, je ne garde pas cette pensée pour moi, je le dis à cette jolie fille qui s’est révélée suédoise et qui parle avec un joli accent étranger, je lui dis « Attention, on fait connaissance là, c’est pas une agression… » elle me répond « tiens c’est marrant que tu en parles comme ça direct, je me suis fait violer deux fois dans la rue l’année dernière… » Mon attirance se transforme illico en compassion et je ne songe plus à rien d’amoureux, ça vient de tourner médical malheureusement. Je la prends dans mes bras en lui disant combien ça me rend triste d’entendre ça, elle accepte ma tendresse un instant. Je la revois une ou deux fois, et elle est vraiment trop bizarre : ses expériences l’ont brisée. Je quitte Marseille un peu plus tard, quelle ville horrible.
  20. C, toxicomane à la cocaïne, à la kétamine, et autres. Excellent DJ. Je ne connais pas les raisons profondes de son trouble mais ça doit s’expliquer. (Ah, ce passé nazi qui est celui d’une majorité des Allemands d’aujourd’hui, faut être honnête la « dénazification » a on le sait laissé la moitié des nazis historique exactement à la même place : les petits-enfants de ces connards en souffrent encore psycho-affectivement… je l’ai constaté en vivant à Germania !! je suis venu en partie pour ça d’ailleurs, symboliquement…)
  21. V, S, M, P, et quelques autres : violeurs. A 15 ans, ils violent sous mes yeux la fille avec qui je sors superficiellement sans en être amoureux. Dans le village, la moitié des filles ont été violées avant même la puberté, souvent par leur cousin. Cela se passe à moins de 300 km de Paris.
  22. Y, battu par son père, tyrannisé, humilié par sa mère dysfonctionnelle qui lui inflige, à lui et à ses deux sœurs, une grande violence psychologique. Couple parental très violent. Elle, la mère, a été utilisée dans sa jeunesse comme esclave domestique. Le père violent, lui, comme tout le monde dans ce milieu, a été bosser aux champs puis à l’usine comme un esclave dès 12 ans. Le monde rural français. Décidément les combats à main nue entre un adulte de 80 kilos et un enfant de 30 sont un sport national en France qui compte bien plus de licenciés en kick-boxing familial que dans tout autre sport, football inclus. Gros suspense sur l’issue du match, l’assistance détourne les yeux le temps que ça se passe puis acclame le vainqueur triomphant – un modeste employé d’usine, un gentil technicien, un cadre tout ce qu’il y a de plus convenable, socialement apprécié comme l’était l’admirable politicien/serial-killer Ted Bundy (qui a dit que la double-profession était interdite chez les politiques ? On peut parfaitement cumuler les mandats publics de Politicien ET Violeur, c’est compatible au regard du droit français.)
  23. J, très jolie fille d’origine arabe (une de mes plus belles copines !!), fréquemment en proie aux insultes racistes et à la discrimination. Elle a réussi : juriste spécialisée en droit constitutionnel après une thèse sur la Constitution algérienne, elle est entrée au Ministère de la Justice 😉 Les racistes, eux, sont restés à côté à la regarder monter grâce à son intelligence et son professionnalisme ! Certes, ils n’applaudissaient pas et leur visage avait la couleur d’une tomate 6 ans avant sa maturité : d’un vert presque trop profond.
  24. I, « noire » américaine (même si en fait sa peau a la belle couleur du caramel – les racistes font décidément de mauvais experts en colorimétrie), battue par son père Black Panther – une cause juste, mais un homme violent dans sa jeunesse (ami très proche de Fred Hampton, « nouveau Malcolm X » lâchement assassiné par les polices américaines qui sont entrées dans la chambre où dormaient Hampton et le père de cette femme et ont ouvert le feu, tuant la plupart des occupants ; le père de cette femme a survécu seulement en se faisant passer pour mort, le cadavre de son ami lui étant tombé dessus et l’ayant miraculeusement protégé – honte éternelle aux Américains. Les polices – celle de Chicago et le FBI ou la CIA je ne sais plus, ont été lourdement condamnées et reconnues coupables de ce multiple assassinat politique barbare et forcées à payer une forte indemnité aux rares survivants. Là-dessus, beaucoup de ressources en ligne, dont un docu Arte.) Après 30 ans, elle se marie avec un richard italien dont le racisme latent puis patent l’amène à divorcer 2 ans plus tard, dégoûtée. Mariée à un autre, il tourne dingue et, après qu’elle l’ait jeté, il installe un key-logger sur son ordi, elle le découvre par hasard plus tard… bien sympa comme « hacker ».
  25. P, battu par ses deux parents et maltraité constamment dans sa jeunesse (impression de déjà-vu ? Non, vous n’êtes pas atteint d’un trouble neurologique, vous êtes juste en train de me lire.) Marié, il maltraite sa femme. Toujours le même mécanisme de reproduction des traumatismes non-soignés. Ceci se passe là maintenant, j’essaye sporadiquement de les aider lui et sa femme, séparément puisqu’aujourd’hui ils se détestent et elle a même mis la police dans le coup après qu’il ait plus ou moins menacé de la tuer, chose qu’il ne fera pas même s’il délire sec, mais c’est dur. Je suis psy de conviction mais pas de formation, et je suis assez cinglé moi-même…
  26. A, fille d’un photographe de mode très célèbre qui travaillait pour Vogue. Il passait le plus clair de son temps à baiser les mannequins qu’il photographiait. Rentrant rarement à la maison voir sa fille, il la battait très durement parce qu’il la trouvait laide. Elle en a été marquée à vie. Artiste, elle fait une œuvre magnifique pour prouver qu’elle est belle. Son oeuvre est brillante et d’une beauté éclatante en effet, mais la réparation ne suffit qu’à moitié à effacer l’offense.
  27. R et A, couple pervers, ils passent la moitié de leur temps à se battre, l’autre moitié à baiser. C’est trop souvent la même chose de deux manières différentes.
  28. J et M, couple pervers, exhib. (J’arrête là sur ce genre de couples, j’ai vu ça trop souvent. Et les couples dysfonctionnels j’en ai eu ma dose et j’y ai assez contribué aussi j’en ai tout simplement marre. Rimbaud : « L’amour est à réinventer, on le sait. »)
  29. J, il grandit dans un milieu ultra-protestant alsacien, tellement réac et inhibant que jeune adulte, il renie toute foi chrétienne et se pose un ultimatum : le bonheur terrestre « d’ici trois ans » ou le suicide. Il a plutôt bien tourné psychologiquement parlant, en faisant tout le contraire de ce qu’on a prétendu lui enseigner : amour libre contre mariage sacré, cannabis désinhibant au lieu de cultiver l’auto-répression, créativité artistique au lieu du dogmatisme évangéliste. Ses parents totalement dysfonctionnels finissent par se séparer. Sa sœur est devenue lesbienne une fois jeune adulte, elle aussi probablement en réaction contre ses tarés de parents et ce milieu religieux hyper-pathogène.
  30. Voici un incident mineur, mais combien de fois cela se passe-t-il ? E, ma copine de l’époque, fait une visite de routine chez son gynéco. Elle en sort en larmes, bouleversée. Motif : ce porc ne lui a pas épargné des remarques lascives et a touché sa poitrine d’une manière qui n’a rien à voir avec le geste technique de la palpation mammaire. E. est une très jolie jeune femme et ce médecin délinquant n’a pas su résister à son attirance – que je peux comprendre parce que moi aussi j’aimais bien peloter ses seins, mais moi j’étais seulement astreint à une éthique d’amant, et elle y consentait pleinement – alors que toi connard de gynéco pervers, elle ne t’avait jamais dit oui ! J’ai conseillé à E. d’appeler la police pour dénoncer ce délinquant sexuel en blouse professionnelle et l’empêcher de s’attaquer à d’autres femmes. E. n’a pas trouvé le courage de s’opposer à un médecin, elle s’est contentée d’en changer. Cela se passait à Rennes en 2004. Combien d’autres font la même chose ? Des milliers, à mon avis. Combien de victimes se taisent ? Des dizaines de milliers, je pense. Si cela vous arrive, je vous recommande la même chose qu’à E. : dénoncez-les, empêchez ces violeurs de sévir aussi installés soient-ils, et obtenez un juste dédommagement symbolique et financier (ruinez-les, si possible, et donnez leur nom publiquement une fois l’affaire jugée, cela fera peut-être réfléchir à deux fois les amateurs de vice, qui actuellement se savent protégés par une impunité généralisée (9 viols sur 10 ne sont pas dénoncés, les violeurs courent toujours. Si vous avez peur, des associations peuvent vous soutenir moralement et juridiquement.))
  31. N, violée par son petit ami. Elle ne veut pas mais lui veut, et il la force. Elle le quitte, il revient la harceler, elle change de ville.
  32. M, jeune femme aguicheuse, on correspond sur Facebook, elle m’attire mais je comprends vite que ça va pas le faire. Je la fais parler, elle me raconte : à peine adulte, elle croit bon de se rendre à un rendez-vous qui sonne douteux à propos de faire des « photos de charme ». Elle se retrouve en voiture avec un type pas commode qui l’emmène elle-ne-sait-où. Il pose la main sur sa cuisse… elle le repousse, il insiste. Elle voudrait s’en aller mais elle a été tellement imprudente et naïve qu’elle est sa prisonnière. Elle dialogue. Le gars la force à faire divers trucs une fois arrivés je ne sais où. Je ne me rappelle plus bien.  Elle s’en sort finalement sans trop de séquelles. Mais manifestement pas calmée, elle réitère la chose et rebelote avec un autre. Elle a fini par se rendre compte qu’elle essayait de se faire du mal. L’explication? Des attouchements au début de sa puberté. Sa vie amoureuse, qu’elle me raconte, frôle le viol en permanence, elle entretient des relations troubles avec divers « exs » qu’elle laisse venir « tirer leur coup » quand ça leur chante. Elle collabore…
  33. J, une autre connaissance Facebook lointaine. Je la contacte parce qu’en voyant par hasard sa photo de profil très explicite, puis ses albums remplis de choses du même genre, je soupçonne qu’il s’est passé quelque chose de trouble. Je tente de causer avec elle mais elle est dans un état psychique assez catastrophique, fortement marqué par le déni. Comme je lui suggère qu’elle a peut-être vécu de sales trucs, elle ne me confie des faits de viol qu’à demi-mot, en disant un truc du genre « nan mais avec mon père c’est pas du viol, on fait l’amour parce qu’on s’aime ». Je trouve plus sage de laisser tomber mais ça me laisse une sale impression : que faire, si la victime sous emprise et perturbée se dit consentante d’un inceste ? Vous vous demandez peut-être : de quoi je me mêle ? Je me réfère à la notion de non-assistance à personne en danger : avec tout ce que j’ai vécu, puis lu sur le sujet (viol, inceste, folie, dépendances, auto-destruction…), certaines choses crèvent les yeux et je ne sais pas faire semblant de ne pas voir ce que je vois. Et je sais aussi par expérience que la plupart des gens ont une autre attitude, car cent fois j’ai entendu la phrase « ça tu sais Ludovic tu le gardes pour toi, j’en ai jamais parlé à personne… » Dans ces conditions, qui fait le boulot réparateur, thérapeutique, quand les victimes dénient, choisissent le silence et quand l’entourage ne veut rien savoir ?
  34. L, jeune actrice allemande, ma copine pendant 4 mois. Un jour elle m’appelle, en pleurs. Je demande ce qui se passe, elle dit : « Mon père est dans le coma ». La raison ? On l’a trouvé effondré sur le sol dans sa maison, le crâne fracassé. On apprend plus tard ce qui s’est passé : homme malhonnête, ce père exportait des voitures en Turquie illégalement et se faisait de gros sous. Il est entré en contentieux avec son associé qui, par vengeance, lui a envoyé quelques gros bras armés de battes de base-ball : ils lui ont brisé le crâne. Je propose à L. d’aller avec elle visiter son père à l’hôpital mais elle refuse et y va seule, courageuse (à 24 ans !!!) Là-bas, une fois réveillé il la traite avec brutalité et l’insulte – contrecoup neurologique. 3 mois plus tard, alors que notre couple bat de l’aile, elle m’appelle à nouveau, en pleurs encore : son père vient de mourir des séquelles. (Âge, environ 50 ans je crois.) Je ne pense pas que la police ait trouvé les meurtriers ni inquiété l’associé, je ne sais pas, j’ai perdu L. de vue. Un ex-ami écrivain m’a profondément blessé et offensé en dragouillant L. sous mes yeux (L, et plusieurs autres…), insensible à ce qui se passait entre nous. Ce moment a été une cause de ma rupture avec elle, et lui. Il vaut mieux éviter les copines trop belles, ça tente trop de faux-amis jaloux.
  35. Brice Petit, un ami d’amis et un collègue écrivain, son histoire est connue, le Matricule des Anges et remue.net auxquels je m’étais joint avaient pris sa défense. A Montpellier, aux environs de 2003 je ne me rappelle plus bien, un soir il croise des flics en train de tabasser un mec – quoi qu’ait fait le mec, la police a un devoir d’usage PROPORTIONNé de la force, règle qu’ils bafouent si souvent. Il prétend s’interposer, leur demande de faire cesser la violence. Le voilà frappé lui aussi et accusé par eux d’agression puis condamné par la justice (quelle justice ?). Combien de flics ont le même comportement ?
  36. Pour finir sur les flics incapables, une anecdote personnelle. C’était en mars 2012 à Chaumont, Haute-Marne, dont le Maire est Luc Châtel. Je venais de réussir à faire parler ma mère des attouchements sexuels qu’elle a subis entre ses 10 et 13 ans par un homme de 65 ans, nouveau mari d’une tante lointaine. Ma mère, après que je l’ai interrogée pendant 2 heures et qu’elle ait donné des détails, est prise d’une crise de vomissements qui dure 8 heures. La semaine suivante, elle reste au lit et développe des idées suicidaires – idées pas nouvelles, ça fait 20 ans qu’elle en parle. Elle m’appelle au téléphone alors que je suis à 40km de là et j’entends immédiatement qu’elle a bu – elle est lourdement alcoolique depuis 30 ans. Le problème, c’est qu’elle est sous traitement anti-dépresseur et que, comme dit plus haut au sujet d’Arnaud Pelletier qui en est mort, le mélange anti-dépresseurs/alcool est potentiellement fatal. Je ne veux pas que ma mère risque de mourir du fait de m’avoir confessé son viol. Je prétends donc utiliser mon droit à l’internement d’office en vue d’assurer sa surveillance et sa sécurité. Je voudrais qu’elle voie son psy et son alcoologue, que je lui ai trouvés via mon psy de Marseille. Elle refuse. J’appelle le SAMU, j’explique le cas, on néglige ma demande, j’insiste. j’appelle son alcoologue et son psy qui ne répondent pas. Je rappelle le SAMU, arguant que ma mère évoque tout un tas d’idées mortifères, elle est en pleine réaction (ce n’est pas ma faute : elle a gardé le silence pendant 50 ans sur trop de crimes subis qui la tuent lentement depuis longtemps, la décision est délicate à prendre de mon côté mais je choisis de l’aider à cracher le mal, à essayer d’exorciser, de vivre avec la vérité plutôt que de laisser le crime liquider ma mère à petit feu.) Le SAMU nous envoie 1 ambulance et 5 flics que je n’ai pas demandés et qui envahissent le petit appartement HLM. Les flics refusent de me croire et me traitent comme un criminel. Ils refusent d’interner ma mère temporairement pour l’empêcher de boire, malgré ma demande et mes explications claires et détaillées ils ne testent même pas son taux d’alcoolémie pourtant évident – elle pue l’alcool et elle a conservé des cartons entiers d’anti-dépresseurs, que je veux leur montrer et qu’ils refusent de regarder, ces crétins. Cela se finit ainsi : un petit connard de flic me signifie interdiction d’approcher du domicile de ma mère, chez qui il prétend que j’ai fait infraction (sic !!!!), alors qu’en réalité je viens de payer 100€ pour faire 40 km en taxi médicalisé à 20h après une journée épuisante pour faire mon devoir de fils et de citoyen et assister une personne en danger – l’inverse me vaudrait condamnation potentielle pour non-assistance. Ma motivation profonde dans tout ça n’est pas tellement ma mère qui est déjà moralement morte-vivante, mais le reste de la famille et notamment les 4 enfants de la dernière génération, entre 4 et 11 ans, que l’histoire de son suicide traumatiserait – elle parle de se trancher les veines, de sauter par la fenêtre, de boire de l’eau de javel, de se pendre au milieu de son salon, c’est d’un glauque… je ne veux pas qu’elle fasse ça pour ne pas entacher la mémoire de ces enfants qui sont tous les 4 magnifiques et pleins de vie ! Du coup, c’est ces cons de flics et de personnels médicaux qui se rendent coupables de non-assistance et m’empêchent de faire valoir mon droit – incroyable mais vrai. Pour toute réaction, ils emmènent ma mère ivre et malade chez son médecin généraliste : le petit problème, c’est que ce monsieur s’est rendu l’année précédente coupable de graves fautes professionnelles qui ont conduit ma mère à être handicapée de la jambe droite : elle s’est cassée le col du fémur et le médecin n’a rien fait, lui a conseillé simplement de « rester 1 mois alitée », pensant qu’il s’agissait d’une fracture du coccyx qui cicatriserait toute seule – énorme et criminelle erreur de diagnostic. C’est lui qui lui prescrit des anti-dépresseurs en masse alors qu’il sait qu’elle boit. Ce salopard indigne, lui aussi, court toujours. A propos des flics : OUI, monsieur Manuel Valls, OUI, nous voulons, nous citoyens, avoir le numéro matricule identifiant de CHAQUE flic, pour pouvoir nous défendre contre eux toutes les fois où ils se comportent comme des criminels. Les sites comme COPWATCH doivent également bénéficier du droit à la liberté d’expression au lieu d’être interdits ou empêchés par vos services.)

Voilà. J’ai probablement oublié quelques personnes, quelques « cas ». Tout cela fait déjà beaucoup. Je dois souligner que dans tous ces cas, rien n’a été puni et les agresseurs et les violeurs et les parents frappeurs etc, courent toujours. Impunité généralisée qui permet à ces auteurs de délits et de crimes de recommencer encore et encore, – et les victimes s’accumulent car le droit n’est pas dit et la sanction pas reçue. J’ai été personnellement témoin à plusieurs de la manière dont la police n’intervient pas. Et je suis moi-même victime des ridicules lois de prescription des viols qui empêchent des centaines de milliers de victimes de faire-valoir leur droit à 1/ reconnaissance morale, 2/ dédommagement financier, qui sont, c’est bien connu chez les psys, deux moyens pour les victimes de reconstruire une dignité. En raison de ces lois de prescription, l’ordure qu’est mon beau-père n’a jamais été inquiété pour tout ce qu’il a commis de crimes dans sa vie – tabassage en règle de ma mère, attouchements sur moi, prises de risque en voiture quand il aurait pu nous tuer tous en roulant complètement bourré à 150km/h sur des routes de campagne, cet homme diabolique est resté en liberté, sans soins et sans punition !

Pourquoi je suis indigné ? Pourquoi je suis révolté ? Pourquoi je suis et reste perpétuellement en colère contre ce monde ? Pourquoi j’attaque les puissants et les autorités qui protègent par inaction ou laissent exister ces délinquants et ces criminels ? Est-ce qu’après cette liste, vous me comprenez, au moins un peu ? Comment suis-je censé réagir face à tant d’horreur, dans un pays censément civilisé depuis longtemps, un pays qui prétend porter et défendre des valeurs humanistes ? Suis-je censé oublier, fermer les yeux, détourner le regard ? Dans ma simple ville d’origine, 30 000 habitants, j’ai été confronté à plus d’une dizaine de crimes et délits graves. Bourlinguant en France, pareil. A l’étranger, pareil. Il faut que ça s’arrête et je ne vois pas d’autre moyen à ma portée que d’utiliser la langue française pour dénoncer les crimes et les vices de trop nombreuses personnes et avertir la population sur ce qu’elle laisse faire.

PS: si une des personnes que j’ai évoquées ici se reconnait et ne veut pas que je parle de lui ou d’elle, il/elle peut me le dire et je retirerai le paragraphe illico. Je pense avoir nommé ceux qui n’ont rien à craindre et anonymisé ceux qui pourraient s’en trouver touchés. Votre avis primera évidemment sur le mien. Je pense que vous pouvez néanmoins comprendre le sens profond de ma démarche et ne pas la condamner totalement ? Si ? Car qu’est-ce qui vaut mieux ? Que je parle même si pas missionné pour, ou qu’on se taise tous ? Pour la sécurité des générations futures je crois qu’il vaut vraiment mieux ouvrir sa gueule bien grande ouverte, même si c’est pour gerber. C’est sale mais quand on est malade, ça peut faire du bien – éjection stomacale réflexe des contenus indigestes !

PS2 : quelques statistiques sur le viol en France, les chiffres sont effarants :

Source: Les cultures enclines au viol

8 commentaires

  1. Efficace.
    Après une telle lecture, j’aurais certainement un surplus de motivation pour dénoncer un crime dont j’aurais été victime.
    Je n’en ai pas de tel.
    Ta démarche me rappelle celle de Clémentine Autain.
    Respect.

  2. Quand j’ai vu Clémentine Autain pour la première fois à la télé, il y a longtemps, genre en 2000???, je me suis dit : « wah… enfin quelqu’un de juste en politique !!! »
    Tu n’as pas été victime de crimes et c’est vraiment bien. Par contre je suis sûr que tu en connais, qu’il y a des victimes autour de toi. Moi je suis au courant puisqu’hyper-traumatisé j’en parle souvent et ouvertement et donc les gens voyant cela se confient. Si je n’avais pas été victime, je passerais à côté des victimes sans les voir.

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