Lettre publique aux femmes du monde entier

Chères femmes du monde entier, mes amies !

Je vous écris cette lettre pour faire le point à propos de vous et de votre relation à tout, à la vie, à la politique, à l’amour, à l’humanité, à la nature, à l’art, à la production, et à tout le reste. Je viens prendre des nouvelles, constater des évolutions, contester des lacunes, et surtout vous encourager à vous affirmer telles que vous êtes, partout et toujours. Votre libération ne fait que commencer. Je veux vous voir prendre le pouvoir aux hommes et changer l’ordre du monde.

Politique

Depuis qu’il a existé des singettes pour engendrer des singes mâles, les singes mâles une fois devenus gros ont fait tout leur possible pour vous enlever le pouvoir, presque partout.

Vous n’avez pu reprendre une partie de ce pouvoir qu’après des siècles d’oppression dans les sociétés européennes et beaucoup d’autres, et votre oppression dure encore dans la plupart des pays du monde – en Occident, dans le monde arabo-musulman, en Russie, en Chine, en Inde… – de sorte qu’on peut dire que votre oppression est de loin celle qui fait le plus de victimes, avant même le racisme et l’impérialisme. Vous êtes les victimes n°1 de l’histoire humaine décidée et faite par les singes mâles.

Le pouvoir des hommes : massacre militaire généralisé

Le pouvoir des hommes, on a vu ce que ça donnait : des milliards d’humains ont été assassinés par les humains mâles en quelques siècles. Plus ces mâles ont eu de moyens, plus ils ont fabriqué d’armes et assassiné en masse. Ils avaient commencé à s’entre-tuer il y a bien longtemps, dès qu’ils ont commencé à développer la « culture », ils ont développé les outils de mise à mort, d’abord contre l’animal, ensuite contre l’homme.

Des penseurs naïfs – des hommes encore, comme Diderot ou Voltaire – avaient cru naïvement que l’histoire de l’humanité éduquée serait un progrès. En réalité, savoir lire et écrire et compter a massivement servi à tuer mieux, à tuer plus.

Ainsi, le génocide des habitants de l’Amérique par les européens a éliminé environ 10 millions de personnes.

La première guerre mondiale a fait plus de 40 millions de morts.

La seconde guerre mondiale a fait environ 65 millions de morts, dont le génocide des juifs par les allemands, 6 millions de morts.

Les guerres depuis 1945 auraient fait dans les 41 millions de mort (dont 1 million en Irak, assassinés par l’agression des USA).

En tout, un institut de recherche néerlandais a estimé à 231 millions les morts des guerres du seul XXème siècle.

Mais toutes ces guerres, tous ces morts, n’ont eu lieu que de la décision des hommes, de leur goût pour le meurtre.

Vous, les femmes, vous avez participé à ces guerres de différentes manières : en travaillant à l’arrière dans les usines et les champs, en soignant les blessés, en participant aux propagandes et aux renseignements, bref, vous avez été impliquées, mais indirectement, et s’il n’y avait eu que vous, il n’y aurait pas eu de guerre du tout. Qui a déjà vu une armée d’un million de femmes se lancer à l’assaut contre 1 million d’autres femmes ?

Le pouvoir des hommes : massacre civil généralisé

Au niveau des victimes civiles, on a des statistiques d’un peu partout dans le monde occidental et le résultat est clair. L’homme tue en masse, la femme ne tue presque pas.

En gros, sur 10 meurtres, 9 sont commis par des hommes et 1 par une femme. Et encore : quand une femme tue, c’est souvent l’homme qui la viole ou qui la frappe qu’elle tue.

L’observatoire français de la parité entre hommes et femmes établit par exemple que :

« En 2011, sur les 4 983 viols, 3 742 viols ont été commis à l’encontre de femmes et 432 contre des hommes. » (Le faible nombre est dû au fait que 90% des viols ne sont jamais déclarés. Cette statistique ne dit pas qui sont les auteurs des viols commis sur les hommes : probablement une majorité d’autres hommes.)

« En 2009, 452 femmes et 15 349 hommes ont été condamnés pour crimes et délits sur conjoint ou concubin. »

« En 2010, sur les 28 femmes auteures d’homicide sur des hommes, 12 d’entre elles étaient victimes de violences de la part de leur partenaire. »

Le site Les coulisses du crime féminin note « 7,7% de femmes. C’est à peine ce qu’elles représentent dans le chiffre total de la grande criminalité, les viols, les meurtres, les braquages. Autant dire rien des poussières, comparé à la masse des hommes. (…) Coupables de meurtres commis dans le cercle familial ou intime, les historiens, juristes ou journalistes leur attribuent des spécialités. Surtout parce que leurs victimes ne sont pas choisies au hasard. D’abord les enfants, ensuite les conjoints, enfin les parents. D’où des femmes coupables en majorité d’infanticides et de crimes dits « passionnels ». »

Si l’on va voir dans d’autres cultures ou d’autres époques, on ne trouvera pas des résultats très différents. Les guerres indiennes, chinoises, arabes, maya, sont des guerres d’hommes. Et les innombrables viols militaires et civils sont des viols de femmes par des hommes à plus de 90% tout autour de notre jolie planète mourante.

Le pouvoir des femmes : paix mondiale

Vous avez le droit de vote, quand vous l’avez, depuis moins d’un siècle. Ailleurs et avant, dans toutes ces Républiques et ces démocraties tellement fières de l’être, vous qui constituez toujours plus de 50% de l’humanité car vous vivez plus longtemps et vous mourez moins de mort violente (meurtre, suicide, accident…), vous avez perpétuellement été éliminées du champ politique. Les singes politiques mâles avaient un excellent argument contre votre droit et votre pouvoir : selon eux, vous étiez des sales connes, des incapables, des infirmes, des grosses nulles, pas bonnes pour penser, pas bonnes pour décider, juste bonnes à cuisiner, laver les fringues, battre le blé, écarter les cuisses, élever les mioches, ne pas savoir lire, et la boucler. Ils faisaient de vous exactement ce qu’ils voulaient, et s’ils vous voulaient idiotes, ils vous faisaient idiotes.

Depuis que vous avez fait valoir vos droits politiques et sociaux, artistiques et intellectuels, scientifiques et humains, vous avez égalé ou battu les hommes dans tous les secteurs : vous dirigez des pays et des multinationales, on vous décerne des Prix Nobel, vous remportez toutes sortes de médailles, vous réalisez des œuvres d’art magnifiques, bref : vous avez amplement prouvé que les siècles, les millénaires de votre discrimination ont fait perdre à toute l’humanité l’apport de milliards de femmes, niées, réduites à néant, assassinées politiquement, intellectuellement, artistiquement, humainement.

Comme de bien entendu, depuis que vous votez et que vous êtes élues et que vous participez aux décisions, le monde est beaucoup plus calme et beaucoup moins meurtrier. Avant 1914, avant 1945, c’était la guerre permanente. Depuis, les hommes n’ont certes pas baissé leur garde ni leur fusil, du moins vous avez limité la casse : vous ne votez pas la guerre, vous n’envahissez pas les pays, vous ne cherchez pas à annihiler ceux qui s’opposent à vous. Vous dialoguez, ou si c’est impossible vous laissez tomber.

C’est pourquoi il est très, très important, chères femmes, que vous continuiez à prendre, à reprendre le pouvoir, partout et toujours.

Toi, femme française, femme italienne, femme belge, femme suisse, femme allemande, femme espagnole, femme turque, femme finlandaise, femme suédoise, femme norvégienne, femme lettonne, femme estonienne, femme lituanienne, femme maltaise, femme grecque, femme bulgare, femme hongroise, femme burkinabe, femme congolaise, femme sénégalaise, femme nigériane, femme éthiopienne, femme pygmée, femme touareg, femme tunisienne, femme algérienne, femme marocaine, femme libyenne, femme égyptienne, femme saoudienne, femme qatarie, femme yéménite, femme iranienne, femme pakistanaise, femme afghane, femme indienne, femme chinoise, femme vietnamienne, femme laotienne, femme cambodgienne, femme mongole, femme coréenne, femme japonaise, femme australienne, femme néo-zélandaise, femme polynésienne, femme laponne, femme canadienne, femme américaine, femme mexicaine, femme panaméenne, femme colombienne, femme péruvienne, femme brésilienne, femme argentine, femme du monde entier : prends, reprends ton pouvoir.

Quand tant de singes mâles s’occupent de promouvoir et pratiquer la violence et la mort, toi, amie singette, promeus l’amour et défends la vie.

Économie

En Occident, depuis plusieurs milliers d’années, tes droits économiques ont été à peu près égaux à tes droits politiques, c’est à dire : NÉANT.

En effet, ces salopes de cultures grecques et latines dont notre culture européenne mondialisée s’enorgueillit d’être la descendante (avec tous ces Charlemagnes, tous ces Napoléons, tous ces Hitlers, tous ces Georges Bush Jr., tous ces nouveaux Césars qui prétendent fonder de nouvelles Romes et de nouveaux Empires romains partout dans le monde) t’avaient nié quasiment tout droit de propriété, alors que tu étais toi-même la propriété de ton père puis de ton mari selon leur putain de droit macho du plus poilu.

Pendant des millénaires, on t’a utilisée comme un objet d’échanges entre clans, une sorte de monnaie en circulation entre différentes banques de foutre.

On te faisait bosser, on t’a même souvent tuée au boulot, rendue esclave, paysanne, puis manufacturière, ouvrière et aujourd’hui travailleuse tertiaire, tu trimais encore plus que les gorilles car après le travail-travail, c’était encore le travail domestique qui t’attendait, gérer la maison, servir les besoins du gros porc en pantoufles, et prendre en charge quasi-complètement seule le travail d’éducation des enfants.

Même dans les sociétés sans esclavage, il y avait toujours ta servitude à la maison.

Tout cela, en Occident ça a un peu bougé, ailleurs pas tellement.

L’Observatoire des inégalités montre que : « en moyenne, les femmes consacrent près de 4h par jour aux tâches domestiques contre 2h30 pour les hommes… », affirme que les femmes ont consacré 22 minutes de moins aux tâches domestiques et les hommes 1 minute de plus (sic !!!) entre 1999 et 2010, et conclut : « Au rythme actuel, il faudrait des décennies pour arriver à l’équilibre entre hommes et femmes au sein du couple. »

(Note : l’auteur de cet article fait son linge, son ménage et sa cuisine lui-même comme un grand depuis ses 18 ans. Quand il invite une femme à manger, il constate souvent que cette femme prend plaisir à se laisser servir – et ça l’agace même un peu parce que ce qu’il voudrait, lui, c’est une égalité, un respect mutuel, une entraide qui aille de soi, et pas une domination dans un sens ou dans l’autre… En même temps, je vous comprends, sachant que ça ne vous arrive pas souvent de vous retrouver avec un type comme moi 😉 )

 Sexualité

Comme je l’ai rappelé dans la partie sur votre rapport à l’économie et au travail, vous avez été longtemps échangées comme biens reproductifs, mariées de force, violées en masse par des armées qui voulaient planter leur progéniture dans vos corps, et en plus de tout ça vos plaisirs et vos désirs ont fait l’objet de millénaires de répression.

Cette répression de votre sexualité avait un avantage néanmoins : être interdites de sexe et n’y être autorisées que dans le cadre du mariage religieux vous a évité de mourir trop souvent en couches et d’être enceintes trop souvent sans volonté et sans capacité d’être mères, avant la contraception chimique moderne.

A part ça, vous avez été la proie de toutes sortes de mutilations et de tortures corporelles, du simple fait d’êtres femmes, d’être donc attirantes, trop attirantes pour les hommes. Devant vous les hommes se sentaient faibles car soumis à vos charmes et à vos beautés, et ils s’en sont vengé de multiples manières, en vous tranchant le clitoris, en vous compressant les seins le thorax et la taille, en vous cousant la vulve, en vous stérilisant de force, en vous attachant ou vous rasant les cheveux, etc. etc.

Quand vous avez aimé deux hommes ou plusieurs hommes, ce dont on ne vous reconnaissait pas le droit, vous avez été jugées, frappées, répudiées, lapidées, tuées.

Quand vous ne donniez plus satisfaction à vos maris, de même on vous traitait comme de la merde.

L’humanité est vieille de plusieurs millions d’années, homo sapiens peignait des animaux en rut dans des grottes il y a 40 000 ans, cette statue – qu’on appelle la Vénus de Lespugue – date de l’époque préhistorique nommée le Gravettien, vers -26 000 ans avant JC, vous étiez déjà là en pleine forme, en formes pleines.

Venus de Lespugue (replica)

Et pourtant, cela fait seulement 50 ans qu’en Occident vous avez obtenu le droit d’essayer de vivre votre sexualité comme vous le vouliez et non pas comme les hommes le voulaient, même s’ils sont toujours là, avec la collaboration de certaines d’entre vous, à diffuser le porno le plus misogyne, les « destructions anales », le bukkake venu des guerres et des pratiques d’humiliation, et les records de gangbangs à 200 gaillards sur une seule femme multi-tâches comme un parfait robot sexuel.

J’ai constaté dans ma vie personnelle que, même après le féminisme, vous n’êtes toujours pas complètement maîtresses de vos désirs et de vos plaisirs. J’ai couché avec quelques dizaines d’entre vous, des femmes entre 20 et 40 ans, et la plupart du temps j’ai vu que dans une relation sexuelle avec vous, vous reproduisez ce que les millénaires d’oppression avaient fait de vous : des créatures trop souvent passives et sans volonté propre.

Sans qu’on fasse rien pour vous y inciter, vous adoptez une attitude de soumission par rapport à l’homme et à son désir. C’est l’homme qui a la plupart du temps l’initiative des rapports sexuels, c’est l’homme encore qui décide ce qu’on fait au lit, comment on le fait et combien de temps on le fait. Pas juste parce que l’homme veut que ce soit comme ça. Mais aussi parce que vous voulez que ce soit comme ça.

Là-dessus, vous m’avez souvent, pas toujours mais souvent, profondément agacé. Homme anti-sexiste, hétérosexuel mais féministe jusqu’aux couilles, vous m’avez souvent dit que j’étais un de vos meilleurs amants : c’est gentil, mais ce n’est pas réciproque. Souvent en effet, je vous ai trouvées pas terribles au lit, ou plutôt : souvent un peu coincées, ne disant ni trop clairement oui ni trop clairement non.

Parfois, j’ai souhaité faire avec vous des choses sexuelles et vous les avez acceptées, et parfois, j’ai appris en vous questionnant que telle et telle chose qu’on avait faites, vous ne les souhaitiez pas. Et même cet aveu n’est pas venu de vous, il est venu de mes questions et de mes doutes après avoir senti (intuition masculine !) que quelque chose ne tournait pas rond dans tel ou tel rapport sexuel qu’on a eu ensemble. Vous vous êtes souvent comportées, en fait, comme s’il était normal que moi j’affirme et réalise tous mes désirs, tandis que vous ne vous autorisiez pas à exprimer et réaliser les vôtres, ni à me donner des rôles dans vos fantasmes. Cela m’a franchement ulcéré et il m’est même arrivé de vous engueuler, de critiquer votre sexisme à vous, votre collaboration avec le sexisme, et de vous reprocher d’avoir fait de moi un quasi-agresseur contre ma volonté, et de vous quitter pour des considérations et des ressentis de cet ordre. Si vous ne dites pas clairement ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas, je ne vois pas bien comment on va pouvoir jouir à égalité et se respecter mutuellement.

Vous m’avez aussi fait beaucoup de peine quand vous m’avez laissé voir vos désirs de soumission. J’ai pu jouer avec et en jouir mais je dois vous dire que je n’aime vraiment pas ça. Je pense pouvoir comprendre en partie comment marche votre plaisir masochiste à être dominées, mais cela ne signifie pas que je l’accepte ni que je souhaite avoir avec vous ce type de sexualité. Or trop souvent, c’est à peu près la seule structure de sexe que vous offrez : vous prenez le rôle de la femme objet de désir, vous me donnez le rôle de l’homme sujet de désir, j’endosse la responsabilité de l’essentiel du rapport, son début, ses étapes, sa fin, cela vous arrange bien puisque vous n’avez plus rien à faire que profiter, mais moi ça me saoule. J’ai pu en jouir mais à choisir, j’ai préféré mes partenaires féminines qui savaient clairement ce qu’elles voulaient, qui savaient le dire, qui savaient prendre la main.

Une des partenaires qui m’a le plus plu au lit, c’était une sex-friend et pas une petite amie, bizarrement. C’était une femme de 26 ans (j’en avais 32) qui avait posté une annonce sur un site généraliste, où elle disait qu’elle cherchait un sex-friend pour passer du bon temps les dimanches. J’ai été intrigué et intéressé par cette annonce, pour une fois une femme n’avait pas froid aux yeux et affirmait clairement ses conditions. J’ai répondu à cette annonce, cette femme m’a répondu, nous nous sommes rencontrés avec un contrat sans ambiguïté : nous n’avions pas besoin de faire des plans sur la comète, même pas besoin d’avoir des affinités politiques ou intellectuelles (il s’est trouvé qu’elle était née en Allemagne de l’Est et était toujours communiste 🙂 ) La rencontre s’est très bien passée : nous nous sommes plu physiquement et nous avons baisé illico. Le sexe avec elle a été une de mes meilleures expériences parce qu’elle s’assumait en tant que sujet sexuel. Nous avons fait à peu près tout ce qu’on peut faire sexuellement entre un homme et une femme. Je n’ai pas senti l’ombre d’un désir de soumission ou d’infériorité ou d’humiliation chez elle, nous avons désiré, aimé, pris plaisir et joui ensemble, l’un(e) puis l’autre, l’un(e) avec l’autre. Nous ne nous sommes vu que deux fois, en fait. Le côté sex-only ne me plaisait qu’à moitié, j’aurais préféré aimer cette femme et pas juste baiser avec elle.

Trop souvent, vous vous êtes comportées de manière froidasse, contrairement à ce qu’on dit de vous. Vous êtes réputées pour votre tendresse et votre affectivité, mais j’ai constaté que j’étais souvent affectivement et sexuellement plus généreux que vous. Je me suis souvent plaint d’une flagrante dissymétrie en termes d’attention : moi, je suis capable de vous embrasser, de vous masser, de vous caresser un peu partout, de me consacrer à vous pendant des heures. Vous vous laissez faire, vous prenez le plaisir, mais vous-mêmes, vous ne touchez pas tellement, c’est presque systématique ; en fait, quand vous prenez l’initiative de toucher, vous avez tendance à aller droit à la bite, comme si vous étiez convaincues que mon corps d’homme n’apprécie que ça et que mon érotisme et mes zones érogènes se limitent à ce truc : tout à fait comme un homme trop direct qui vous mettrait la main au panier sans préliminaires. Si je vous faisais remarquer que je venais de passer une heure à me consacrer à tout votre corps et à essayer de ressentir chacun de vos ressentis, alors j’obtenais par la suite un peu plus d’attention, mais toujours bien loin d’une égalité. A force, cela m’a carrément gavé et j’en ai conclu que le sexisme était vraiment fabriqué autant par les hommes qui y ont intérêt que par les femmes qui en ont fait une seconde nature.

J’attends de vous qu’à l’avenir vous changiez cela. Je veux continuer à faire l’amour avec vous, mais je réclame d’être touché moi aussi un peu partout, d’être câliné, embrassé, aimé comme moi je vous câline, embrasse, aime. Et je m’adresse notamment aux plus physiquement belles d’entre vous parce que c’est un fait d’observation pour moi : plus vous êtes belles, moins vous êtes généreuses et égalitaires au lit. Maintenant, quand je suis attiré par une femme très belle, je me dis : « méfiance, c’est probablement encore une de celles qui prend sans donner. »

La répression a duré tellement longtemps, et elle dure encore tellement, que forcément : personne ne nous a appris, ni à vous ni à moi, à faire l’amour, à exprimer notre désir, à affirmer notre libido. Dans les sociétés soi-disant les plus « avancées » du monde, il n’y a quasiment aucune éducation sexuelle même la plus rudimentaire. La sexualité est conçue comme strictement privée, personnelle, alors qu’il est évident qu’il s’agit d’un phénomène hautement collectif et culturel, mais chez nous c’est toujours un peu tabou, et à nouveau, le porno en est la preuve : le porno enregistre justement un certain état de l’inculture sexuelle, un manque de raffinement et d’harmonie, une flagrante absence de dialogue, une carence profonde de l’imaginaire érotique, bref, la trace contemporaine de toutes les répressions passées.

 

2 commentaires

  1. Bonjour,
    Pour faire écho à ce plaidoyer pour les femmes, un extrait de mon livre Les Microbes de Dieu… C’est un cardinal qui parle…

    Les femmes… Jan Wilewski ne les avaient jamais comprises. Son homosexualité n’était pas le fruit d’un débordement de féminité, sinon de la terreur qu’elles faisaient naître en lui et qu’il avait toujours été incapable de s’expliquer. Celles qu’il avait connu, sa mère, ses sœurs, les religieuses et laïcs qui faisaient son ménage, cette Elena dont il avait cru être amoureux et même celles qu’il avait confessées, s’opposaient en tout point à ce qu’il était. Leurs réactions l’avaient toujours surpris et dérouté. De sa mère et de ses sœurs, il avait espéré le soutien, mais elles avaient toujours ramené ses projets et ses ambitions à une réalité triviale. Elles avaient rompu ses enthousiasmes. Les femmes manquaient d’envergure. Elles pensaient utile et l’homme pensait chimère. Elles pensaient pour l’immédiat et l’homme pensait au futur. Elles étaient satisfaites de ce qu’elles avaient et l’homme rêvait toujours d’en avoir plus. Il avait observé les maris de ses sœurs. Chacune bichonnait avec une application presque maladive leur maison, c’était leur refuge. Eux, entre eux, parlaient de toutes les autres vies qu’ils n’auraient jamais, mais où ils auraient pu vivre mille aventures et prêtaient finalement peu d’attention à leurs compagnes. Elles étaient comme les arbres, nécessaires à leur paysage ! … […]… Il revit son père. … Il avait épousé sa mère par amour certes, mais avec le fantasme qu’elle serait le levier de toutes ses conquêtes, la concubine privilégiée de ses audaces. Elle devait être celle qui lui ferait embrasser tous les horizons et c’est lui qui avait fini par résumer son univers ! Elle pensait à ce qui était fondamental, deux ou trois choses, souvent pour le bien-être des siens et qui pour lui, étaient insignifiantes, une perte de temps. Le pire, c’est qu’elle les reliait entre elles, elle les tissait, les peaufinait et les réalisait. A son rythme, au quotidien. Ce quotidien dont il fuyait l’ennui et la monotonie. Lui, il voulait toujours plus, toujours ailleurs.

    – … […]….Mais ne t’es-tu jamais demandé pourquoi nous haïssons tant les femmes ? La plupart de nos congénères masculins, c’est-à-dire une masse d’ignorants et de crétins crédules, gobe sans piper – et cela les arrange bien, pour continuer à jouer les gros bras auprès de leurs homologues femelles -, la légende qu’on leur a montée, le Serpent, Eve, le mal absolu, bref du mythe propre à décrocher tous les symbolismes ! Il faut reconnaître que l’on a lésiné ni sur l’imagerie populaire ni sur les affirmations péremptoires. Il suffit de songer au Diable représenté avec une poitrine de femme ou plus simplement à cette dernière stigmatisée ad vitam aeternam comme étant par nature un être inférieur à l’homme, celui-ci étant bien entendu sa « tête », comme il est mentionné dans nos Constitutions Apostoliques, la femelle étant tout juste bonne à procréer ! On nous a bien accusés de misogynie, mais après tout, l’Eglise n’a rien fait d’autre que d’exploiter une attitude déjà bien ancrée dans les mentalités. Ainsi pour Platon, la femme était une dégénération de l’être humain et pour Aristote un mâle infertile ! Tu peux faire le tour presque toutes les civilisations, tu constateras que beaucoup étaient passés par là bien avant nous ! Il n’y a d’ailleurs guère de différence avec aujourd’hui où ce statu quo demeure patent, quoique plus dissimulé.

    – … […]…. « Et bien, moi, se dit-il, – je me pose ce genre de questions et il en est une d’importance. Je me suis toujours demandé si sans Marie et Marie-Madeleine, Jésus serait toujours d’actualité, si son histoire aurait tenu la route à travers les siècles. Il faut quand même reconnaître, religieux ou non, que ces deux femmes nous ont fait et nous font toujours bien fantasmer, la vierge et la pute, l’innocence et la luxure, l’immaculée conception et la jouissance sexuelle illicite. A côté d’elles, Jésus paraît un personnage bien fade, avec des contradictions d’homme. Une espèce d’idéologue frustré avec un ego incroyable au point de vouloir inscrire sa mémoire dans l’Histoire par sa propre souffrance, un révolutionnaire qui jouait les instituteurs avec une règle dans une main et des punitions dans l’autre pour les récalcitrants. Somme toute, c’était le Che Guevara de l’époque, qui en plus appelait son père dès qu’il avait un problème ! Tiens, je n’y avais même jamais songé ! Affrontés à des circonstances qui les dépassent, la plupart des hommes appellent toujours leur mère ! »

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