Baises d’Orient et d’Occident

Illustrations du Manuel de l’oreiller, éditions Philippe Picquier, reproduites sans leur aimable autorisation, mais ils ne m’en voudront pas.

 

Une exigence commune des gens qui baisent est de se trouver beaux mutuellement.

Pour ce, le Japon, dans sa sagesse culturaliste (tout pour le code), ne demande point trop au corps ; il laisse la poudre de riz blanchir le visage, coiffe soigneusement les chevelures, mais spécifie moins que nous la qualité d’un sein, la longueur d’un cubitus ou la perfection racée d’une musculature chevaline. Il habille les corps amoureux de vêtements très jolis, très ornés et très riches, et dont le léger laisser-aller (ouverture sur une nuque, écartement sur un torse ou un sexe) excite puis laisse apparaître ce qu’il faut pour l’amour. Le reste s’accomplit par deviner / imaginer, on touche à travers les étoffes.

L’Occident, au contraire, nu comme Adam, Eve et Apollon, exige la joliesse de tout le corps bien désapé. Il le presse donc à souhait, l’opprime à volonté, saleté ancienne qui s’avilit et se confirmeadesso, today, aujourd’hui et heute en chirurgie esthétique, culturisme (de la nature très culturalisée), fitness, diététique, troubles de l’alimentation et autres déchets de la haine de soi inculquée et docilement reproduite dans le déni.

On notera dans ces illustrations que, puisque les japonais classiques ne sont pas des pervers, les amants, qui ont une bite et une chatte (pas de fausse pudeur! pas de pudibonderie!),s’embrassent quand ils jouent au sexe. Toute haine est absente de ces représentations qui montrent sans exhiber, au contraire du porno contemporain, trash et porcin au possible, – espèce de découpage de steak opéré par le cyborg mâle sur le cyborg femelle à l’aide d’un couteau éjaculateur, – acte d’amour apparemment calqué sur quelque forfait de guerre, celle de 14-18, quand des poilus hagards pilonnaient la tranchée adverse, sa boue humide et ses cadavres.

Sans contredit, l’Occident est la culture vêtue qui mutile le plus en l’absence de toute nécessité, juste par passion. C’est pourquoi, chez nous, l’Amour, qui s’écrit avec un H et met aux prises deux cochons d’Inde déprimés et impudiques, doit être caché aux enfants, jusqu’à ce qu’ils soient en âge à leur tour de pressurer leur corps et bourriner celui d’autrui. Et d’en répondre légalement.

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