Litanie de l’espoir

La guerre mondiale au Pérou,
cette drôle de plante nommée le houx,
la honte, la plainte, les marabouts,
les mots qui osent rimer avec chou
Ces hiboux pas très doux qui me clouent les genoux sur des cailloux

La peur, le viol, et la folie
La gerbe, l’alcool, la triple sodomie
La drogue, le speed, la c, l’acide, la beuh, le shit
Vivaldi, Lou Reed, Scarlatti, Pink Martini, le gabber, le jazz, le chant inuit
La spiruline, le merlan frit, la bouffe indienne, les spaghettis, les chips

Le renard enfumé, dans sa tanière,
Tirer sa révérence avec quelque manière,
la longue route qui conduit d’aujourd’hui à demain par hier
Pendant qu’éclate la mousse de ma soixantième bière
beau temps sur la région qui compte marseille, toulon, hyères.

Une après-midi dans le noir,
le cursus pour devenir prof d’histoire,
les abeilles et leur façon de boire,
trois cent mouchoirs tout noirs brodés dans une armoire
Le dispositif artistique comme arme blanche contre la mort

La vaisselle qui attend le bus dans l’évier
Les cheveux noir de jais des blondes châtain aux yeux frisés
Les plis chaotiques que font les chemises après avoir été lavées
Le souvenir déjà lointain de lectures bien référencées
Les romans que je dois écrire, qui me sortent de la tête sans y être rentrés
La volonté de se dépasser soi-même, après parfois il faut s’attendre pour se retrouver

La paroxétine et les effets secondaires
La plus forte consommation mondiale d’anti-dépresseurs
L’appendicite, l’abcès à l’appendice, les maux de ventre pendant des heures
La timeline en flash, le code html, et les plantages de Dreamweaver
L’espoir que j’ai d’un avenir meilleur
Le fait que je rajoute quelques pâtes dans mon beurre

Le rebord de la fenêtre, le trottoir, la rue, le trottoir, le rebord de la fenêtre
La fenêtre de la voisine d’en face, les volets perpétuellement fermés de l’appartement d’â côté, la nudité fugace de la voisine d’en face, la gêne de la voisine d’en face quand elle s’en aperçoit
Le choc de découvrir le chocolat,
Le seul billet neutre de toute la tombola,
Les compliments qu’on a faits à ma voix, la torture que j’ai fait subir à ma voix,
La colère, le dégoût, la Shoah et Gaza
La robe qui danse toute seule avec ses falbalas
etc etc etc.

La fausse cordialité qui ne sera jamais qu’une fausse cordialité
Le fait que tout cela ne veuille rien dire de spécial
La révolution commerciale toutes les secondes et les produits qui sont plus forts que moi
La poussière qui tombe de partout en même temps
Le souvenir des guerriers kistch qui traversent la télé éteinte, au grand galop
Le sommeil qui monte en moi pendant que je pense à combien je n’aime pas le sommeil
La gorge qui me serre et m’étouffe
Le trajet de retour jusqu’à chez moi,
Le trajet de retour jusqu’à chez moi,
Le trajet de retour jusqu’à chez moi,
Le trajet de retour
jusqu’à chez moi.

Le ruban que tu enfiles avec mes mots
La soif de pouvoir qui te tient dans un parc
La cave entièrement détruite
Parc glissant lentement vers la mort dans une cuve
Le costume que je souille jour après jour
L’ambassade qui me reçoit à la frontière entre un parc et un banc
La mélancolie qui me tient
La mélancolie qui me tient
L’Amérique et le projet de la renouveler sans cesse
La beauté des villes vues de l’espace vues sur une photo sur un écran
L’amitié
Le bruit du vent dans les arbres
Le bruit des arbres dans le vent
Le bruit des avions dans le ciel
Le bruit de la mer dans les avions
Le bruit de la mer dans le ciel

Le bruit des choses qui s’interpénètrent
Ma solitude qui ne pénètre rien / impénétrable
La solitude des femmes à qui je manque et qui s’ennuient, et qui s’amusent, et qui rient, sans moi
Le sourire d’une statue qui me fascine
Les petites portes de la cave qui s’ouvrent sur les gravats, les ruines,
Les bruits de pelle
Les mouvements d’errance dans cette grande ville déserte, surpeuplée, vaste, et remplie de débris
Est-ce qu’un bar est à moitié vide quand il est rempli de gens moitié pleins ?
J’étais moi-même un débris moitié plein, à réfléchir à la contenance, à la contenance.

Il y a toujours des choses à faire
Il y a parfois des jours amers
Il y a pas mal de monde sur terre
Pas mal de monde aussi sous terre
Pendant que j’attends que meure
ma mère

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