Plus jamais de rimes en -us


Plus jamais de rimes en us par LudovicBablon

Hé toi là-bas, qu’est-ce t’as, j’te vois comme un rictus ?
j’sens qu’tu t’demandes un peu « c’est quoi c’t’olibrius ? »
Attends j’vais t’renseigner : voici mon prospectus
Que j’vais t’décrire en live, avec des rimes en -us
Tu vas pas y couper, à mon énième opus !
Ce sera doux et piquant comme une fleur de cactus
Je vais t’faire pleurer aux larmes y compris par l’anus
Et si t’en chie un peu ben… travaille ton tonus
Et pis si ça te plait pas ben, tu l’as vu mon médius ?
Nous dans le slam tu vois, on n’est pas des minus !

Allez j’me lance j’y vais, j’te commence mon laïus
Faut qu’je frime un peu moins, et qu’j’en dise un peu plus
Ça roule et c’est parti, hic, nunc, et mordicus
Alors j’te la raconte, voilà ben, chuis dans le bus
On file dans Marseille Nord, vers le marché aux puces
Le bus s’arrête et là, j’crois voir monter Vénus
Des bottes à ses tibias, gants à ses humérus
J’quitte l’orbite de la Terre, j’suis Mars sur Uranus
Suivez mon r’gard les gars, j’ai comme un stimulus !
c’est toute une explosion dans l’hypothalamus
j’ai comme un truc qui m’gonfle, ça doit êt’ mon prépuce
sa musique me réveille : mon cœur sonne l’angélus.

J’peux pas rester sans rien faire, faut qu’je trouve une astuce !
Elle cherche un siège mais moi, j’vais lui faire son blocus.
Alors j’me lève, j’approche, secret, tout comme la mafia russe
J’lui parle de quoi, du ciel, des cumulo-nimbus ?
J’lui d’mande où elle se rend, elle taffe dans quel campus ?
Hé tu peux m’dire c’est quoi, tes coutumes et tes us ?
J’trouve rien, j’m’approche d’elle, et là… j’sens son mucus
Ça sent, ça sent… attends, c’est quoi le mot ? raaaa, c’est pas l’humus…
C’est, tu sais, le truc là… mais nan, pas l’essence de lotus…
Allez, aide-moi bordel ! Voilà, putain ! l’eucalyptus !!!
Faut qu’je lui dise, Je t’aime, t’es mon eucalyptus !
Putain d’sa mère, j’ose pas, chuis mûr comme un fœtus !
Et là le bus cahote, fait choir son roman russe
Elle se penche de côté… cherchant son papyrus…
Sa tête frôle mon bassin…
On dirait qu’elle me suce !!
Alors là elle me r’marque… Comme si j’avais l’typhus !
Et m’traite comme si j’étais l’plus dangereux des virus :
« J’te calcule pas ! » elle me dit, « sinus et cosinus
Faut qu’tu t’éloignes de moi, sinon j’appelle mon gusse ! »

« ça va c’est bon », j’réponds, « garde-le ton utérus…
J’t’ai pas dit en latin la taille de mon phallus
J’ai gardé mon contrôle, donc t’excite pas, ma puce »
Elle me rétorque, légère comme un diplodocus :
« T’as pas vu qu’entre nous y’aurait comme un hiatus
Tu peux t’brosser mon gars, j’crois qu’t’as fait trop d’lapsus
Dégage de al » e’m’dit, et là les gens r’prennent en chorus :
« T’es vraiment qu’un tocard, t’es galant comme Brutus !
T’as cru voir une bonnasse, ben le vlà ton bonus
On t’nique ton assurance, t’as droit qu’à un malus
Dehors et bas les pattes, maintenant tu sors du bus »
I’m jettent et j’atterris, craché comme un airbus
Sur le trottoir désert, parmi les détritus.
J’en ai l’souffle coupé, j’crois qu’je frôle l’infarctus
Chuis au bout du voyage, pour moi c’est l’terminus.
J’rent’ chez moi la queue basse, 69 rue Terrusse
Le seul truc qui m’étreint, eh ben c’est mon plexus
C’est clair que pour aimer, il eût fallu que je susse
Conjuguer un peu mieux, dialoguer un peu plus
Mettre un peu plus d’amour pur dans mes processus.
J’ai compris ma douleur, j’arrête les rimes en -us
J’arrête même de parler, quant à vous j’vous demande juste
de rien dire à personne hein, franchement, sérieux, sur tout ça, bouche cousue et… motus !

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