Lettre publique d’une victime de viol et d’inceste auprès du Ministre de l’Education Vincent Peillon

Cher Vincent, déjà laisse-moi te dire que j’ai de toi une bien meilleure opinion que de beaucoup de politiciens haut-placés, notamment ces voyous du Conseil Constitutionnel, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Pourquoi ne sont-ils pas en prison depuis longtemps ? Eux qui prétendaient lutter contre la récidive et pour la sécurité, ont commis de manière insistante, impunie et répétée, la justice va bientôt le prouver, des délits très graves et très sales. Ils ne sauraient montrer qu’un exemple pitoyable. En toi au contraire on sent, jusqu’à preuve du contraire, un véritable humaniste intègre et volontariste. Je ne t’aurais pas écrit si je ne pensais pas ce que je dis, je t’aurais insulté.

J’ai apprécié notamment ton attitude simplement responsable et lucide à propos de la jeunesse et du cannabis : quand tant d’autres se voilent la face, toi tu te confrontes au problème. Ce n’est pas particulièrement admirable ni courageux, c’est simplement normal. Les drogues sont dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités, gamin je n’en prenais pas mais j’en voyais et on en parlait.

Je viens te demander de faire avancer notre société sur un point crucial.

Tu sais qu’une femme sur 6 et un homme sur 10 ont été confrontés dans leur vie à l’abus sexuel. Parfois, cela se passe à l’école. Parfois même, c’est un prof qui se livre à des attouchements – j’en ai connu un comme ça qui s’est fait virer, c’était notre prof de sport au collège et il aimait, ce monsieur, montrer les gestes techniques aux jeunes filles en se collant contre elles, il allait aussi les visiter dans les vestiaires histoire de les mater un peu, on parlait de ce salaud dégueulasse entre nous, quelqu’un a fini par le dénoncer. Souvent, ce sont les parents ou la famille, et si la famille est criminelle et pédophile, je ne vois pas à qui on peut s’adresser à part l’école. Si l’école ferme les yeux, la complicité d’abus sexuel est établie, ce qui rend l’Éducation Nationale criminelle elle aussi par collaboration silencieuse, déni des évidences et de chiffres très connus par les milieux pédo-psychiatriques, et enfin non-assistance à personne en danger. Une amie militante m’apprend qu’il y a en France 2 millions de victimes d’inceste, pour ne compter qu’elles.

Je te demande, Vincent Peillon, de mettre en place aussi rapidement que possible des séances d’éducation sexuelle et de prévention de cette criminalité dont les victimes sont des enfants.

Nous avons besoin de ces deux efforts conjoints :

1/Prévention

Les moins de 12-14 ans, il faut les informer chaque année du risque qu’ils courent et de ce qu’ils peuvent et doivent faire si on leur fait des propositions salaces, si on les touche de manière sexuelle ou si on les utilise comme objets sexuels. C’est un travail pédagogique que j’ai spontanément fait avec 3 de mes 4 neveux âgés de 7 à 11 ans. J’ai utilisé des mots qu’ils pouvaient comprendre, je leur ai dit la règle : les adultes n’ont pas le droit de demander des relations sexuelles aux enfants, ils n’ont pas le droit de toucher à certains endroits. je leur ai dit de fuir si on leur faisait des propositions dans la rue, et de prévenir leurs parents ou leurs enseignants si quelqu’un essayait de profiter d’eux. Les 3 m’ont écouté attentivement et ils ont montré qu’ils ont compris. Leurs parents n’avaient pas fait ce travail pédagogique préventif, malheureusement, et – là ça devient grave – leur école non plus. J’accuse cette école de mettre les enfants en danger en se voilant la face et refusant de leur parler des risques qu’ils courent dans notre sociétéoù 9 violeurs sur 10 restent en liberté.  Toi seul actuellement, Vincent Peillon, a le pouvoir d’amener ces traîtres irresponsables qui refusent de voir els réalités en face, à changer d’attitude, à cesser d’entretenir le tabou et l’angélisme, et donc à mettre en place ces cours annuels d’éducation préventive.

2/Education

Pour les plus de 12 ans, pour les enfants et adolescents à l’âge de la puberté, nous avons besoin d’éducation sexuelle. Personnellement, à défaut d’éducation sexuelle d’origine scolaire, mon premier rapport à la sexualité a été fait de : 1/ plusieurs tentatives de viol entre 8 et 14 ans, et 2/ une confrontation bien trop précoce à la pornographie dès l’âge de 8-10 ans – 7 ans dans le cas de ma petite sœur. Dans la région d’où je viens, de nombreux enfants ont été violés à 8 ou 10 ans, des amis d’enfance dont je connais précisément l’histoire. Il est de ta responsabilité, Vincent Peillon, de faire cesser le massacre de l’innocence. Tu nous feras donc le plaisir, tu te feras donc l’obligation déontologique, de mettre en place pour les adolescents entre 12 et 18 ans, de cours d’éveil à la sexualité – ce qui est permis, pas permis, normal, pas normal, ce qu’on doit faire en cas de problème, ce que veulent dire les choses. Il y a en France des milliers de talents capables de bâtir du matériel pédagogique de grande qualité. Il est tout à fait possible de former spécifiquement des enseignants ou de faire intervenir des spécialistes des questions de sexualité – pour éviter de refiler le boulot à tous ces profs qui ne seraient certes pas capables de le faire correctement, car là encore c’est une expérience personnelle j’ai eu trop de profs nuls à chier, anti-pédagogiques, désagréables ou violents avec la jeunesse, et bêtes comme leurs pieds. Il n’y a pas que des gens bien dans ce million de profs de l’Éducation Nationale… Mais en-dehors au moins, il y a d’admirables spécialistes de l’enfance, y compris l’enfance en danger.

Conclusion

En prenant l’initiative de ces deux actions que je te recommande, tu contribueras, Vincent Peillon, à nettoyer les générations futures et à diminuer l’impact énorme de cette épidémie de violence sexuelle, qui, on le sait, entraîne ensuite des problèmes à répétition : addictions (alcoolisme, drogues, tabac), dépressions, autres formes de folie, suicides, maladies « inexpliquées », etc etc.

Si tu ne fais pas ce dont notre société criminelle a besoin, je t’insulterai et je te rendrai responsable de chaque nouveau crime commis contre un mineur innocent. Ma demande n’est pas une demande, c’est un ordre qui vient de la morale humaine de base, qui découle directement des déclarations des droits de l’homme et des droits de l’enfant.

Merci d’avance, Vincent, et rappelle-toi qu’on te surveille. On t’encourage de tout notre cœur si tu vas dans le sens de plus de justice, mais si toi aussi tu contribues à nous laisser nous faire assassiner psychiquement à l’école, sur le chemin de l’école, dans les gymnases ou dans les foyers, nous assassinerons ta mémoire et le respect qui t’es dû.

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