Lettre publique à Bertrand Cantat en témoignage de réconfort et d’amour et pour lui dire de revenir chanter et combattre avec nous

Bonjour Bertrand.

Contrairement aux autres, je ne vais pas la faire trop longue, cette lettre publique.

Cela fait longtemps que j’y pense, longtemps… Je n’y viens que maintenant, des années après, le coeur y était déjà mais j’étais moi aussi pris dans de gros problèmes, on fait ce qu’on peut quand on peut.

Bertrand, votre musique, tes paroles, ont contribué à me sauver la vie, à 16 ans. C’est cela que je tenais tant à te dire, ou à faire savoir aux gens que ce soient des gens qui t’aiment, ou des gens dont la bêtise et la cruauté ont contribué à te rendre rare artistiquement et politiquement.

Personne ne mérite de te, de vous perdre. D’accord, la musique et le combat existent toujours sans vous, et on pourrait en neutraliser 100 autres, qu’il en resterait toujours 10 000 autres pour prendre la relève. Nous sommes des fous, l’affaire est entendue, classée, notre procès a été instruit depuis bien longtemps et en le perdant, nous l’avons gagné depuis longtemps.

Je ne vais pas te parler de la question de la violence, non, pas du tout.

J’ai découvert Lautréamont grâce à toi. Je suis devenu auteur grâce à Lautréamont que tu m’as passé par le biais d’une K7 de Veuillez rendre l’âme (à qui elle appartient) que j’ai recopiée sur un copain. Je ne t’ai jamais versé un seul centime, pourtant tu as eu, sans le savoir ni le vouloir – là, il n’est même pas question d’envisager de passer tes intentions au crible ce coup-ci – une influence bénéfique et profonde sur ma vie. Merci, merci, merci…

Pour l’anecdote, avec mon amour de l’époque, mon grand amour de jeunesse, Fleur, une autre de tes fans (elle a fait l’amour avec Jim Morrison en rêve… et a bien contribué à me maintenir en vie elle aussi en tolérant incroyablement mes côtés les plus sombres…), on a beaucoup fait l’amour sur votre musique tellement envoûtante, tellement spirituelle. C’est cela que tu représentes pour moi, cela ne changera pas, votre beauté s’est gravée dans mon coeur.

Je viens à l’instant de corriger mon analyse narratologique de trois de vos chansons (sur 51 chansons françaises très connues que j’ai sélectionnées, vous êtes le seul artiste dont j’aie retenu plus de 2 titres… Gainsbourg, Renaud, Mylène Farmer, Damien Saez, Louise Attaque/Tarmac, etc. etc., je ne leur ai accordé que deux morceaux chacun…) J’ai choisi Joey – j’étais suicidaire moi aussi -, Le vent nous portera, et Le Temps des Cerises.

Pour Le Temps des Cerises là aussi je vous ai réservé un traitement d’exception. Eh oui, je l’ai analysée 2 fois de suite 🙂 (c’est deux fois plus instructif pour celles et ceux qui écriront des paroles inspiré(e)s par ces analyses…)

J’ai analysé une première fois la manière dont la chanson originale, datée de 1866, entretenait l’ambiguïté entre poésie bucolique et agit-prop’ révolutionnaire.

Et j’ai ensuite analysé la manière dont votre reprise de 2009 entretient l’ambiguïté entre l’ambiguïté de la chanson originale (mise en abyme, donc, c’est un peu le cas de le dire…), et l’aspect le plus dur, le plus terrible, le plus cruel, de ton autobiographie. Sans toucher un seul mot du texte original, avec une audace proprement géniale, avec une grande grandeur d’âme, tu as bousillé cette stupide interdiction juridique qui t’a été notifiée, de reparler du « drame ». Eh bien, merci pour cela aussi.

Et, je ne l’ai pas analysée, pour ne pas que mon volume d’analyse ne devienne un pamphlet pro-Noir Désir, mais j’ai immédiatement adoré Gagnants / Perdants. Gratos…

Alors Bertrand, je ne sais pas si une reformation de ND est possible, je ne crois pas, passons, mais toi, je suis vraiment prêt à t’engueuler comme du poisson pourri si jamais tu n’étais pas d’accord avec ce que je vais te dire là : toi, de toute façon, d’une manière ou d’une autre, dans un média ou un autre, avec tel collaborateur, telle collaboratrice, ou en solo aussi bien, toi bordel, l’artiste et le citoyen, on veut te voir.

Nous sommes beaucoup de gens, hommes et femmes, à voter oui à ton retour artistique et politique intégral et sans complexes, surtout à l’époque de la « droite décomplexée ». Chacun fait des erreurs, le pape aussi, les femmes aussi. Je me fous de l’avis des gens qui voteraient non, on ne les force pas à aimer la musique après tout.

Je t’aime Bertrand, énormément, et je crois que nous sommes beaucoup à t’aimer énormément, toi, l’artiste et le citoyen.

A bientôt donc.

1 commentaire

  1. Quand un acte est commis. Il il a toujours un auteur.
    Mais il y a parfois aussi un responsable. Et alors, l’auteur n’est plus que l’instrument de celui-ci.
    Comme il te fut facile de lui souffler les mots qui blessent; tu la connaissait si bien, depuis si longtemps.
    Tu pensait la convaincre de ce oui que tu avais tant attendu, espéré; qu’elle te devais…ne faisais-tu pas déjà partie de la famille…
    Tu pensais évincer ce vagabond sans envergure, ce petit chanteur de rue.
    Mais voilà…Les plans les plus machiavéliques sont souvent aussi les plus dangereux.
    Tu a faite tuer celle que tu aimais. Mais peut-être est-ce cela que tu voulais ?
    Si elle n’était pas à toi, elle ne serait à personne.
    Peut t’importe que le petit chanteur ai payé ton acte, dans votre monde, on ne regarde pas à la dépense.
    Prie que ton linceul soit ignifugé. Qui sait….se qui se passe en enfer.

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