Ecarts, technologie de pointe

Ec/arts, technologie de pointe

Ec/arts n°3
526 pages
27 euros
www.ecarts.org

 

/ On lui pardonnera de commencer ses paragraphes par des barres obliques, et d’utiliser un peu trop souvent pour ses sommaires le bizarre_caractère_underscore ; en revanche, on lui saura gré d’aligner au long cours de son épaisseur, pour bien réfléchir, des mots et expressions comme : bazooka ; écrans plasmas ; données ; écritures multimédias ; hub d’Atlanta ; émergence du Web sémantique ; art expérienciel ; photographie d’échangeur ; karaoké.

Résolument moderne, ce troisième numéro de la transdisciplinaire revue Ec/arts ne lésine pas sur la somptueuse iconographie noir et blanc pleine page sur papier glacé, les mises en page ultra-sophistiquées et les pratiques typographiques originales, voire rares, voire illisibles. Vigoureusement campé en haut du versant optimiste du rapport à la technologie (avec dans le camp opposé les successeurs d’Adorno et de Debord), le pavé de deux kilos est divisé en trois parties : l’une constituée par les Actes du colloque de Montréal « Textualités et nouvelles technologies » (organisé par la revue et le Ministère des Affaires étrangères), une autre par un panorama de la scène artistique de Montréal, tandis qu’une troisième « articule plusieurs interventions pluridisciplinaires qui toutes se confrontent activement aux complexifications contemporaines » (et peut-être aussi un peu à la macro-utilisation catastrophisante de jargononcules polysyllabiques, NDLR). Peu importe cette structure un peu floue et ce style un peu lourd, l’important est le stimulant chevauchement des thèmes et des domaines, des images et des mots, ainsi : vitesse ; polices de caractère ; cognition ; littérature combinatoire issue de Leibniz ; Staatbibliotek de Berlin ; archives numériques ; rhizomes ; façades.

En fait, Ec/arts ne cesse d’être un monument théorique et graphique, nécessitant pour la parcourir l’ingurgitation de l’équivalent d’un baril de café bu au petit matin pour faire passer la prise de 500 grammes d’amphétamine en cachet. Truffée de bibliographies, bondée d’adresses de sites Internet, croulant sous les patchworks d’illustrations légendées, elle aborde avec intelligence, complétude et audace de nombreuses facettes de la nouvelle société de l’information, à l’intersection entre les mégalopoles, les pratiques littéraires et les télécommunications, à la confluence de l’art vidéo, de la documentation et de l’informatique, en un prodigieux entassement coordonné par le maître d’œuvre Eric Sadin. Encore une salve ? Allez : interférence d’ondes ; monde de l’écrit ; signes ; téléphones ; standards MPEG ; American Psycho de Bret Easton Ellis ; iconologie ; satellites de télédétection ; copyright et open source.

En noir sur orange, en 41 pages, un encart poésie (tendance traitement de texte) résume et couronne le tout.

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