Crise à CQFD et consorts : quelques remarques et propositions…

Alors, j’apprends donc grâce au rezo que CQFD est le nouveau maillon faible en zone euro.

(Pardon d’avance, ce post est complètement informe.)

Pour info, je connais CQFD par la bande pour y avoir participé une fois (une BD avec Marine), avoir rencontré plusieurs de leurs journalistes plusieurs fois (via Marine, ex de l’un des journalistes), avoir été plier leurs exemplaires avec eux une fois, et pour avoir été ami avec LLDM au moment où il y collaborait pas mal. (C’est un dessinateur génial LLDM, entre autres talents.) J’étais pas loin d’eux en 2006-2008 à Marseille, physiquement (rue Consolat c’était à 2 rues) et humainement (amis communs, etc).

Quand j’apprends que les caisses sont vides, que le chien mort est mort, ça me fait un peu marrer.

Hum, je sens que ma franchise va pas forcément être comprise si j’en reste là, faut que j’explique.

Bah, je veux dire qu’on ne s’y retrouve pas là, je ne vois pas comment c’est possible d’en arriver là avec autant de ressources, y’a un bug technique dans cette info.

Les mecs font en général de l’excellent boulot. Bon, y’a des conflits dont j’ai entendu parler et auxquels j’ai rien compris, cuisine interne et j’étais pas dedans, juste visiteur quelques fois : ça peut être un facteur ? Pourquoi de l’excellent boulot ne mène pas à la survie ?

Je n’irais pas, comme je viens de les lire, dire que c’est à cause du distributeur, de la presse qui s’érode, ou quoi.

Je veux dire, vous aviez le temps de voir venir ! Le bateau a commencé à couler à un moment, il s’agissait d’être vigilants. Dès qu’on voit que les ressources s’épuisent, on réagit soit en augmentant ses ressources, soit en baissant ses consommations.

Vous aviez un pied en presse, un en édition, un sur le web, ça fait trois pieds. Et ça n’a pas marché, même sur 3 pieds ?

Hm. Bizarre. Le truc est bien fait, relativement populaire – on peut pas espérer toucher beaucoup de gens dans un pays pareil… – et n’arrive pas à monétiser ? Je sais pas moi, on cherche des associés très vite, on co-organise, on fait des partenariats, on commercialise des « biens et services » amis pour augmenter les marges.

Je vais pas donner de leçons d’économie théorique mais… Quand j’ai voulu monter un bar, je l’ai fait, et il a marché. Sans un problème purement technique, ça pouvait marcher 200 ans. Si j’avais vu que ça faiblissait, j’aurais changé de concept illico, ou fait évoluer. Si seul je n’arrivais à rien, je me serais associé. Et pas au dernier moment pour mendier, mais bien longtemps avant tout drame, tout stress, prévoyant que l’avenir est toujours incertain.

Comment une trésorerie peut-elle fondre ? Le bouquin de l’assassin célèbre avait bien marché parait-il. On ne laisse pas fondre une trésorerie, désolé. La bonne gestion c’est du bon sens, pas un principe politique. Il y a certainement eu des erreurs ou de mauvais choix stratégiques et tactiques derrière votre retour à 0€, c’est ça que vous devez affronter en réalité. Vos articles ont des fans, mais votre gestion ne vous a pas permis de survivre. Bilan ? Conclusions pratiques ?

Pourquoi vous n’avez pas monté un lieu de fête à Marseille ? La presse vous donne une notoriété, vous dirigez un lieu de fête légal, militant et rentable. Cela vous fait une base arrière et des munitions à l’arrière pour la guerre idéologique. Et puis vous grandissez, vous reprenez ce que l’économie capitaliste avait monopolisé, vous en faites de l’économie sociale qui sait au minimum s’auto-financer, ou mieux qui sait accumuler assez de richesse pour se renforcer et s’étendre en permanence.

Vous avez peut-être payé le fait de faire essentiellement de l’info critique. C’est bien, mais c’est corrosif aussi pour ceux qui la font. Une aspiration profonde des gens est pas juste de s’indigner mais d’avoir une belle vie. Ils veulent des jardins, des lacs et ont besoin de câlins, ce pourquoi ils nourrissent et hébergent des millions d’animaux domestiques, pas des chiens hargneux. Vendre de la critique, vendre de l’agressivité intellectuelle, le marché se restreindra forcément aux gens en colère, en particulier les jeunes hommes.

Je pense qu’on verra que vous trouvez à vous recycler ici et là, et écrire et enquêter sur blogs et médias indés.

Pourquoi pas des formules purement web, et militantes ? Vous pourriez tenter quelque chose que je testerais si j’étais journaliste :

1/ Un journaliste élabore un sujet d’enquête, rassemble des éléments préliminaires et propose une enquête plus approfondie. Il fait un devis, ça coûte tant. 100, 2000€.

2/ Ce devis est mis en ligne sur le site en crowdfunding. Il faut donc X lecteurs motivés pour que l’enquête soit menée.

Ainsi, si les gens trouvent telle ou telle enquête prioritaire, ils se la paieront et vous, vos talents sauront la faire.

Par ailleurs, vous êtes anti-pub et vous vous en honorez. Bon, ça se tient mais faudrait assumer !! Et pourquoi un refus absolu ? Pourquoi pas par exemple mettre à l’honneur des œuvres amies, avec une commission, en régime d’affiliation ? Pas un truc compliqué avec 200 références, mais des deals pour des trucs de grande valeur, qui se vendent aussi, comme vous, vos journaux et vos livres ? Voilà, sur des années ça aurait fait quelques milliers d’euros dans vos caisses.

Voilà, on peut imaginer des systèmes de ce genre. Vos sympathisants pourraient prendre en charge une partie des tâches : vous demandez de l’argent, pourquoi ne demandez-vous pas du bénévolat pour promouvoir vos articles et produits ? Demander seulement de l’argent, manque d’imagination.

Non ?

Et sur le fond y’a une attitude un peu mendiante chez vous en ce moment, et j’aime pas trop ça. Faudrait voir plutôt à garder une liberté exemplaire, et à accepter dignement ses échecs. Celui ou celle qui ose critiquer se fout dans une sacrée merde : en critiquant, on montre à tous qu’on se croit supérieur sur un point à ce qu’on critique. Cela peut être vrai, mais c’est dangereux comme attitude, incertain et toujours un peu arrogant (hein 🙂 ). Du coup ça fait bizarre : vous écrivez mieux que les français ne votent, je dirais, vos niveaux d’information, d’expérience et de sagacité font de vous des gens précieux, estimés pour leur intelligence. Oui !!! C’est bien le problème : puisqu’on vous sait intelligents plus que la moyenne, on ne voit pas bien pourquoi vous ne réussissez pas à survivre de ce que vous faites, alors que vous n’êtes plus débutants depuis longtemps. Donc ? Votre intelligence de survie, votre pragmatique adaptation au réel, elle est passée où ? Dans la fumée de cet échec, je ne vois plus votre brillante intelligence et ça m’inquiète. Les philosophes et les artistes sont censés rester capables d’être géniaux même pauvres, pour devenir riches s’il veulent. Et vous n’avez trouvé aucune solution ? Je serais vous, je mènerais l’enquête sur ce point !!! 😀

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